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Retour à la vie d’avant...

Paris
Philharmonie
06/30/2021 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 2 en ré majeur, opus 36, et n° 3 en mi bémol majeur «Héroïque», opus 55
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (direction)


D. Barenboim (© Rudy Amisano De Lespin)


Il va falloir désormais s’y habituer: le passage devant les agents de sécurité de la Philharmonie de Paris est désormais précédé d’une vérification, sur le parvis, des documents attestant qui d’un test antigénique, qui d’un test PCR, qui enfin d’une vaccination complète contre le coronavirus. Voilà un bien étrange début de soirée! Comme Daniel Barenboim l’a lui-même précisé au public à la fin du concert, dans un français parfait, l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin est la première phalange étrangère à revenir à la Philharmonie de Paris depuis que celle-ci a dû, comme tant d’autres salles de spectacle, fermer en raison de la covid-19, au mois de mars 2020... Autant dire une éternité! Le vénérable orchestre allemand et son directeur musical (à vie depuis 2000) avaient prévu, année Beethoven oblige, de donner notamment l’intégralité des symphonies à la Philharmonie de Paris à l’automne dernier. Las, la perspective a de fait été abandonnée et c’est donc un aperçu de ce qu’aurait pu être cette intégrale que nous avons entendu ce soir.


Les musiciens (y compris le chef) entrèrent masqués sur scène avant, tous, de les enlever, chacun bénéficiant de son propre pupitre afin d’éviter les contacts avec les collègues: là aussi, il va falloir s’y habituer. La Deuxième Symphonie (1801-1802, jouée pour la première fois le 5 avril 1803 lors d’un grand concert à Vienne sous la direction du compositeur où étaient également créés le Troisième Concerto pour piano et Le Christ au mont des Oliviers!) est une œuvre de (relative) jeunesse pour Beethoven. Pourtant, Daniel Barenboim l’aborde comme une véritable symphonie de la maturité; on peut se dire qu’il était difficile de faire autrement avec un tel orchestre (douze premiers violons, dix seconds, huit altos, six violoncelles et quatre contrebasses entre autres) mais ne pas tenir compte à ce point du renouveau interprétatif de l’œuvre symphonique beethovénienne tient de la gageure. Le premier mouvement voit ainsi des premiers violons au jeu assez massif et plutôt étale, les attaques manquant bien souvent du côté incisif attendu; certes, les bois sont superbes (notamment dans le Larghetto, où se distinguent notamment la flûte et le basson solo, tenu ce soir par Ingo Reuter) mais l’ensemble reste assez compassé. Tout en laissant souvent l’orchestre jouer seul, sans intervention de sa part, Barenboim éclaire par un geste impérieux tel ou tel passage, demandant de temps à autre une dynamique de nuances parfois étrange au détriment peut-être d’une certaine cohérence. Si le Trio ne nous a pas semblé assez contrasté par rapport au reste du troisième mouvement, le Finale. Allegro molto fut assez brillamment emmené, quitte à ce que l’on perçoive néanmoins un manque de netteté dans certains traits des premiers violons.


Le temps pour quelques musiciens supplémentaires de rejoindre l’orchestre (on passe alors à cinquante cordes) et, le concert ne comportant pas d’entracte pour éviter tout mouvement de foule susceptible de propager le virus (notamment au niveau des buvettes), Daniel Barenboim put revenir sur scène pour diriger le gros morceau de la soirée, la Symphonie «Héroïque» (1803-1804). Ne faisant pas la reprise dans le premier mouvement, Barenboim prend visiblement plaisir à manier cette pâte orchestrale où les pupitres d’altos, de violoncelles et de contrebasses ont chanté à qui mieux mieux, certains solistes ayant été également particulièrement remarquables à l’image du clarinettiste Tibor Reman ou du toujours incroyable Torsten Schönfeld aux timbales. Mais le chef prend cette symphonie de façon extrêmement monumentale au point que la Marche funèbre s’enlise, engoncée dans un legato et un vibrato omniprésents; ne boudons certes pas notre plaisir car la grandeur du passage central notamment de ce deuxième mouvement (un chef-d’œuvre en soi) était bel et bien présente mais l’ensemble manquait tout de même assez singulièrement d’allant. Si le Scherzo nous a semblé assez fade (interprétation corsetée sans beaucoup d’esprit), le Finale. Allegro molto a été plus convaincant; dommage là aussi que Barenboim se laisse aller à quelques facilités (éclairage sur les cuivres, accélération aussi soudaine qu’inattendue à la toute fin du mouvement).


La prestation n’en fut pas moins saluée avec chaleur par les spectateurs, qui ont ainsi pu renouer avec la visite des phalanges étrangères à la Philharmonie de Paris: pourvu que ça dure!


Le site de Daniel Barenboim
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin



Sébastien Gauthier

 

 

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