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Complicités

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Philharmonie im Gasteig
07/01/2021 -  et 2 juillet 2021
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 4, opus 58
Edward Elgar: Enigma Variations, opus 36

Igor Levit (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Edward Gardner (direction)


(© Astrid Ackermann)


Igor Levit a été cette saison l’artiste en résidence de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise. La pandémie a contraint de modifier l’ensemble des programmes de l’orchestre et les musiciens nous donnent le Quatrième Concerto de Beethoven en replacement du monumental Concerto pour piano avec chœurs d’hommes conclusif de Busoni, qu’il faut reprogrammer de toute urgence pour une saison future.


Mais même si cette année est plus qu’inhabituelle, une relation s’est visiblement nouée entre les musiciens et le pianiste allemand. Dans le dernier mouvement, ce dernier fait une légère faute de texte, en sourit avec malice se passant la main devant ses yeux puis échange des regards complices avec les musiciens. C’est un tel moment qui nous rappelle la magie et l’incroyable nécessité de la musique vivante dont nous avons été en manque pendant tant de mois.


Igor Levit est un beethovénien de première grandeur dont les lectures sont modernes, réfléchies et très personnelles. Le premier accord de ce concerto est arpégé, faisant prendre conscience de la ligne de ces cinq mesures d’introduction au piano. Levit, qui est d’origine russe, ne cherche pas à produire un son dense avec des basses très riches comme le font bon nombre de pianistes de cette région. Il est ici attentif à donner une lecture plus concertante, fondant le son du piano dans le flux de l’orchestre. La qualité de son toucher et son cantabile sont remarquables. Seules quelques variations de tempos sont un peu trop audibles mais nous vivons à une époque où une certaine liberté est bien plus acceptée que par le passé. L’Andante con moto est de toute beauté. L’orchestre joue avec des phrasés secs et un forte bien marqué, le piano répondant avec beaucoup d’intériorité et dans un tempo légèrement retenu. Le Rondo final a plein d’entrain et permet d’apprécier le phrasé du violoncelle de Jaka Stadler. Très applaudi par un public encore limité en nombre, Igor Levit donne en bis l’Humoresque de Chtchedrine, pochade pleine d’esprit et très Levit-esque...


En seconde partie, l’énoncé du superbe thème de ces Variations «Enigma» surprend. Les cordes sont en nombre limité et il y a un peu moins de richesse de son mais une plus grande transparence. Edward Gardner, futur principal conductor de l’Orchestre philharmonique de Londres, nous donne ici une lecture chambriste. En plus d’une mise en place exemplaire, les solos sont très mis en valeur. La partie d’orgue, qui est souvent en retrait, est ici bien équilibrée. Stefan Schilling à la clarinette est très élégant dans la «Romance» et la beauté de l’alto de Ben Hames dans «Dorabella» est tout simplement somptueuse.


Les saisons prochaines commencent à apparaître. Il sera possible de retrouver Edward Gardner dans une autre pièce emblématique de la musique anglaise: il sera cette fois au Staatsoper pour une nouvelle production de Peter Grimes. Igor Levit, de son côté, sera à nouveau avec l’Orchestre de la Radio bavaroise dans le Premier Concerto de Brahms avec Manfred Honeck à la baguette.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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