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Point final

Strasbourg
Palais de la Musique
05/27/2021 -  et 28 mai 2021
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2 en ut mineur, opus 18
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 9 en mi bémol majeur, opus 70

Simon Trpceski (piano)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)


S. Trpceski


Pas de Nikolaï Lugansky pour ce dernier concert d’abonnement d’une saison 2020-2021 complètement mutilée, mais un remplaçant de marque, Simon Trpceski. Excellente pioche pour un cheval de bataille comme le Deuxième Concerto de Rachmaninov, tant le pianiste macédonien y paraît à l’aise, la mécanique des doigts laissant l’interprète aller droit à la musique, en faisant fi de toute contrainte d’ordre technique. La dégaine toujours fascinante de cet interprète hors normes, qui promène ses mains sur le clavier avec autant de décontraction souriante et d’absence d’effets que s’il improvisait, vaut évidemment le déplacement. Mais ces aspects de confort visuel ne seraient rien sans une fine musicalité, toute en nuances et en petites touches de phrasé, qui irradie à tout instant. Dommage qu’en regard l’Orchestre philharmonique de Strasbourg garde des aspects de lourde machine que Marko Letonja n’arrive pas toujours à bien contrôler, le soliste, surtout au cours du premier mouvement, ayant manifestement du mal à savoir s’il doit accélérer ou freiner pour rester d’aplomb, avec des impressions de flottement qui perdurent parfois sur plusieurs pages. La captation disponible en replay sur medici.tv paraît déjà mieux équilibrée, mais aussi parce ce que la perspective de la prise de son y privilégie délibérément le piano.


Bis décontracté : des variations pour piano, flûte et percussion autour d’un célèbre tube de Jacques Dutronc. Là encore Trpceski s’amuse, laisse briller la flûte de Sandrine François mais assure une présence rythmique sans faille, qui garde le tout sous contrôle avec une plaisante efficacité. Sur la captation medici.tv, le lendemain, c’est le plus classique Prélude de Ravel que l’on entend, miniature subtilement phrasée.


Pas de Onzième Symphonie de Chostakovitch, trop gourmande en effectifs, mais la plus svelte et courte Neuvième, qui fait partie des partitions COVID les plus jouées en ce moment (combien un peu partout de Symphonie de chambre, Métamorphoses, de Pulcinella, de Bourgeois gentilhomme... attention à la saturation !). Là le plaisir de retrouver la rythmique de Chostakovitch et surtout le vrai son d’un orchestre en direct, même avec des graves qui manquent (un déficit en violoncelles et contrebasses, qui s’entend particulièrement dans les tutti les plus sonores), l’emporte largement. Les premiers pupitres de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg s’y ébrouent avec gaillardise, dont un splendide solo de basson en technicolor par Jean-Christophe Dassonville (effet garanti !). Marko Letonja, qui tombe le masque pour la circonstance, réussit un très beau parcours, avec des crescendos bien contrôlés, dans l’instant. Une interprétation continuellement naturelle et vivante, qui suscite des cris d’enthousiasme et de gratitude de la part du public à la fin.


Sitôt ouvert, sitôt refermé ! La saison s‘achève là, avec seuls au mois de juin quelques concerts de musique de chambre en journée, faisant intervenir les musiciens de l’orchestre en petit comité. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg est à présent bien absorbé par le travail de préparation de Madame Butterfly à l’Opéra national du Rhin, ce qui ne lui laissera apparemment guère de loisir pour improviser quelque concert symphonique supplémentaire que ce soit, en ce moment d’accalmie béni où l’on peut à nouveau écouter de la musique en direct (pour combien de temps ?). Dommage que cette occasion inespérée ne puisse être saisie avec davantage de flexibilité. Après tout, après cette période totalement folle où l’on a demandé sans vergogne aux personnels de santé de repousser les murs 24 heures sur 24, et ceci des mois durant, n’était-ce pas le moment pour les institutions musicales, à leur tour, d’essayer de se mettre un peu plus activement en quatre ?



Laurent Barthel

 

 

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