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Strauss et Schoenberg en miroir

Paris
Philharmonie
10/16/2020 -  
Arnold Schoenberg : Verklärte Nacht, opus 4
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)


P. Jordan (© Jean-François Leclercq/Opéra national de Paris)


Malgré les circonstances, l’Orchestre de l’Opéra n’a perdu ni son âme ni ses qualités : à la Philharmonie, il a brillé de tous ses feux. Et l’on a pu le placer au grand complet sur la scène, dans le respect des distances imposées. Il a seulement fallu l’avancer, pour que puisse sonner comme elle le doit la Symphonie des Alpes de Richard Strauss. Mais cela créait, du moins aux premiers rangs de l’orchestre, des problèmes de saturation et d’équilibre.


Orchestre et chef sont familiers de l’œuvre, qu’ils ont d’ailleurs enregistrée (voir ici). On admire toujours la maîtrise d’une partition gigantesque, où le directeur de l’Opéra évite la boursouflure et le pathos, plus attentif à la clarté des textures, servi par des musiciens magnifiques – quels beaux soli ! Certains passages, du coup, sonnent très « moderne », comme le début, sorte de chaos d’où émerge peu à peu la lumière, ou un orage remarquablement tenu. La symphonie devient ainsi forme pure plus que mise en musique d’un programme – les différentes étapes d’une journée à la montagne, du lever au coucher du soleil. Mais cela, du coup, assèche un peu l’œuvre, comme si le chef craignait de s’abandonner à elle, à sa luxuriance hédoniste, à ses extases panthéistes – on lui a souvent reproché, d’ailleurs, de ne pas s’abandonner davantage, chez Strauss, à la musique des opéras.


Le voisinage avec La Nuit transfigurée de Schoenberg, donnée en ouverture, se justifiait : même si, par la forme et l’esprit, les deux œuvres diffèrent, le Sextuor à cordes fait encore allégeance au postromantisme, comme la Symphonie des Alpes treize ans plus tard, dont le compositeur est alors très admiré par son jeune cadet. Et ce sont deux hymnes fusionnels, à l’amour et à la nature. Sans pour autant brûler d’une inextinguible flamme, Philippe Jordan satisfait davantage ici. De ses cordes au complet, il obtient une homogénéité et une clarté superbes, soulignant l’inventivité des effets sonores : c’est aussi transparent que si l’on entendait le Sextuor originel. A l’évolution du dialogue conduisant à la rédemption par l’amour correspond la savante élaboration d’une forme : très unitaire, la direction épouse les différentes étapes de la scène, qu’elle inscrit dans le principe de la « variation développante » chère à Schoenberg.



Didier van Moere

 

 

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