About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Gala scintillant

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/15/2020 -  
«Francendanse» (pas de deux et solo)




Les Productions Albert Sarfati mettent la danse française et ses compagnies à l’honneur dans ce gala «Francendanse», premier spectacle de la saison Transcendanses 2020-2021, conçu pour remplacer l’annulation de la venue du Ballet Suédois et dernière représentation nocturne au Théâtre des Champs-Elysées avant le couvre-feu.


On ne peut s’empêcher de comparer cette brillante soirée réalisée en quinze jours par un producteur indépendant sur le modèle du «gala» de danse avec celles organisées depuis mi-août par l’Opéra de Paris, qui alternent jusqu’à la fin du mois au Palais Garnier (voir ici). Tout ce que l’on a pu reprocher à ces soirées (mauvaise prestation de la technique, absence de cohérence des choix) était ici particulièrement soigné. Cette succession sans entracte de sept pièces d’une très grande heure bénéficiait d’éclairages soignés, la sonorisation, qui dépend toujours des supports fournis par les compagnies, était globalement excellente et les pièces dansées selon une succession cohérente et équilibrée. Un gala scintillant dont on sortait, contrairement à ceux de l’Opéra de Paris, pleinement satisfait compte tenu des conditions que l’on sait difficiles de leur organisation. Clin d’œil à la danse française, l’affiche du spectacle représente le pied de la danseuse étoile Sylvie Guillem avec la célèbre photographie de Gilles Tapie!


On retrouvait à l’ouverture la pièce Trois Gnossiennes (1982) de l’immense chorégraphe néerlandais Hans van Manen (chorégraphie, décors et costumes) sur la musique éponyme d’Erik Satie, pièces d’un néoclassicisme rigoureux qui semblent avoir miraculeusement traversé les ans, impeccablement dansées par les danseurs étoiles Ludmila Pagliero et Hugo Marchand et accompagnées avec esprit par la pianiste Elena Bonnay.


Le Ballet de l’Opéra de Lyon est venu avec un solo, pièce qui tranchait le plus avec le néoclassicisme du programme, Period Piece (2020) du Belge Jan Martens, sur une musique de Henryk Górecki. Kristina Bentz fournit beaucoup d’énergie pour interpréter cette pièce qui atteint vite ses limites pour les idées et dont le substrat musical n’est pas un atout constant à l’imagination pour un chorégraphe. C’était le seul solo et certainement le point faible de la soirée. Les Flammes de Paris de Vassili Vainonen, sur une musique de Boris Assafiev (Bolchoï, 1932), n’est pas le plus passionnant des ballets mais la fraîcheur et la virtuosité de Marini Da Silva et Riku Ota ont conféré beaucoup de chic à ce pas de deux qui représentait le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux.


La prochaine chorégraphie du danseur étoile Kader Belarbi, directeur du Ballet du Capitole de Toulouse, doit être créée à Toulouse en novembre prochain. Le pas de deux de Toulouse Lautrec, impeccablement dansé par deux des étoiles de cette compagnie, donnait un avant-goût de cette chorégraphie de type narratif et biographique dont les chorégraphes français sont friands depuis le début du siècle.


La palme de la soirée revenait à Thierry Malandain et sa compagnie biarrote avec Mozart à 2, trois pas de deux illustrant des épisodes amoureux lors d’une soirée de bal, réglés sur des adagios de concertos pour piano et orchestre de Mozart (interprétés ici par Murray Perahia), récupérés de la chorégraphie Bal Solitude créée en 1997 à Saint-Etienne, puis reprise pour le Ballet de Leipzig puis celui de Vienne, qui l’ont inscrit à leurs répertoire. Nous avions pu apprécier la version plus large lors de l’inauguration du Temps d’Aimer la Danse à Biarritz en septembre dernier. Les trois couples de danseurs, Arnaud Mahouy, Clémence Chevillotte, Raphaël Canet, Nuria López Cortés, Mickaël Conte et Irma Hoffren, ont su restituer la magie de cette chorégraphie néoclassique complexe avec une grâce et une fluidité parfaites.


Pas de gala de danse digne de ce nom sans le pas de deux du Corsaire, sur la musique d’Adolphe Adam et dans la chorégraphie récente de Kader Belarbi (Toulouse, 2013). Inutile de convoquer trop de souvenirs éblouissants, Natalia de Froberville et Ramiro Gómez Samón ont dansé avec le brio qui s’imposait ce mythique pas de deux romantique.


Après cet enchantement, on ne pouvait s’empêcher d’être un peu choqué, sans que cela ait à faire avec la production de ce spectacle exemplaire ni avec le théâtre qui l’accueillait, appliquant strictement au détriment de sa billetterie (ce soir-là, il y avait quelques «chercheurs de places» à l’entrée), les consignes sanitaires en vigueur y compris pour l’évacuation de la salle échelonnée étage par étage, du comportement peu raisonnable du public qui, massé dans le hall et sur le parvis, gênait la fluidité de la sortie au grand dam des règles de distanciation. Il reste manifestement, malgré tous les efforts déployés par les théâtres qui sont pénalisés, encore beaucoup d’éducation à faire auprès du public.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com