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Victoria Hall
10/07/2020 -  et 8 octobre 2020 (Lausanne)
Robert Schumann: Concerto pour piano, opus 54
Hector Berlioz: Symphonie fantastique, opus 14

Francesco Piemontesi (piano)
Orchestre de la Suisse romande, Daniel Harding (direction)


F. Piemontesi (© Marco Borggreve)


Ce concert devait être initialement dirigé par Constantinos Carydis. C’est Daniel Harding qui remplace le chef grec, dont on ne sait exactement s’il est souffrant ou s’il réside maintenant dans des régions pour lesquels le canton impose à ses habitants de se mettre en quarantaine pour venir à Genève. Quoi qu’il en soit, voici la deuxième semaine consécutive qui nous permet de retrouver le grand chef anglais à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR). Nous avions écrit à quel point le courant semblait bien passer avec cet orchestre qu’il dirigeait pour la première fois. Sa venue à nouveau le confirme et on ne peut que s’en féliciter.


Le Concerto pour piano de Schumann est une œuvre emblématique pour l’OSR. Les mélomanes savent que Dinu Lipatti aurait exprimé sa préférence pour la lecture qu’il avait donnée dans cette même salle avec Ernest Ansermet par rapport à celle gravée en studio avec Karajan. Plus proche de nous, Alexander Gavrylyuk avait déçu par une conception exclusivement virtuose tandis que Nelson Freire était lui un peu trop en retrait et qu’en 2009, Nikolaï Lugansky, soutenu avec soin par Marek Janowski, avait trouvé un équilibre entre musique et maîtrise de l’instrument.


C’est au tour de Francesco Piemontesi de reprendre le flambeau, et avec quel panache. Le jeu du Tessinois se caractérise par un sens du cantabile et de la construction. Les plans sont clairs, la musique avance avec sérénité et profondeur. Ce n’est pas une lecture d’un virtuose mais celle d’un poète, plus Eusebius que Florestan aurait dit Schumann. Orchestre et pianiste sont très en accord. Le chef est très attentif au soliste et la mise en place de grande qualité. Piemontesi sait enfin quand se mettre en retrait et laisser l’orchestre soutenir la mélodie. La légère accélération des dernières pages est réalisée avec beaucoup de soin. Très applaudi, il donne en bis «Au lac de Wallenstadt» de Liszt, la deuxième pièce du cahier «Suisse» des Années de pèlerinage.


C’est une année importante pour le jeune pianiste, qui vient de faire ses débuts avec la Philharmonie de Berlin et qui est artiste en résidence à l’OSR. Il sera à nouveau présent en décembre avec Jonathan Nott dans un programme Messiaen-Ravel, en janvier avec Manfred Honeck dans les Varations sur un thème de Paganini de Rachmaninov et en avril dans un programme de musique de chambre avec les solistes de l’OSR. Voici des rendez-vous à ne pas manquer.


Daniel Harding avait fait sonner l’OSR avec beaucoup de soin dans la Quatrième Symphonie de Sibelius. La Symphonie Fantastique de Berlioz est une œuvre qui demande un orchestre plus fourni et surtout qui a plus de tutti que la symphonie de Sibelius. A nouveau, on ne peut qu’apprécier la grande qualité du travail réalisé par Harding. Il est important de se rappeler que l’OSR joue dans une salle certes assez jolie mais plutôt étroite et dont l’acoustique est bien inférieure à celles de la majorité des salles européennes. Une des conséquences est que les musiciens ont peut-être un certain mal à s’entendre et s’équilibrer. Les tutti saturent souvent et les cordes sacrifient de la couleur pour avoir du volume.


Il était frappant pour qui connaît l’OSR d’entendre à quel point les équilibres ont été soignés avec des cuivres qui s’harmonisaient avec le reste des autres pupitres. L’OSR ne peut à ce stade avoir la même sonorité flamboyante de certains des orchestres que Harding connait bien à Berlin, Vienne ou Munich mais le niveau global était très élevé. Les bois, emmenés par Michel Westphal à la clarinette et Nora Cismondi, ainsi qu’Alexandre Emard au cor anglais nous rappellent qu’ils sont un des atouts de cet orchestre mais c’est non pas leur seule qualité de phrasé qui ressort mais aussi une dynamique plus forte que demande justement Berlioz.


Ce travail n’est pas enfin un seul travail de forme. La lecture est théâtrale, pleine d’allant, et permet de découvrir une quantité de détails si révélateurs. Que les musiciens ne m’en veulent pas mais je ne suis pas convaincu qu’il faille ajouter la partie de cornet dans «Un bal». En revanche, la «Scène aux champs» est tout simplement un grand moment de musique et de poésie. C’est par ce genre de soirée que les musiciens peuvent développer des réflexes communs nouveaux, travailler leur cohésion et progresser. Oui vraiment, ces deux semaines avec Daniel Harding sont vraiment à marquer d’une pierre blanche pour l’OSR et son public. Il faut vraiment souhaiter que celui-ci prenne l’habitude de revenir avec régularité.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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