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Triomphe à l'arrachée Paris
Théâtre des Champs Elysées
01/10/2002 -
Rossini : Ouverture de La Pie voleuse
Mendelssohn : Symphonie n°3 Ecossaise
Prokofiev : Suite de Roméo et Juliette
Orchestre Philharmonique de Vienne, Marris Jansons (direction) Sur l'affiche, le programme avait un petit côté racoleur et touristique, hors de la sphère (Mendelssohn excepté, et encore) où Vienne excelle. De surcroît, passée une ouverture de La Pie Voleuse d'une belle verdeur de timbres, mais sans la fluidité de phrasé qu'impulsait Abbado en son temps, l'Ecossaise façon Jansons déçoit quelque peu. De l'éclat, des contrastes dynamiques (superbes dans l'allegro final), un vrai sens dramatique et des carrures rythmiques formidables d'énergie, au détriment d'une pulsation plus subtile, d'un mystère et d'une poésie véritables dans les jeux de timbres, hormis le sfumato parfois magique des cordes dans les nuances intermédiaires - le dialogue des vents manque en revanche de clarté dans le vivace. Le choc viendra donc de la pièce la moins attendue, cette suite de Roméo et Juliette qui paraît toujours briser la parfaite cohérence du ballet, mais à laquelle le chef et ses instrumentistes confèrent une densité de texture, une puissance charnue, tour à tour une agressivité et une volupté idéales. Jansons, encore, jette un pont somptueux entre les cordes d'une part, les cuivres et la percussion de l'autre, laissant une nouvelle fois les vents dans l'ombre. Mais l'on n'a pas souvenir d'avoir entendu une Mort de Tybalt alliant à ce point perfection formelle et impact physique. Ziehrer et Johann Strauss, en bis, révèlent à quel point est profonde la complicité entre l'orchestre et celui qui le dirige. Doit-on voir dans cette vitalité solaire et juste ce qu'il faut de canaille la carte de visite pour un prochain concert du Nouvel An ?
Vincent Agrech
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