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La Grande-Duchesse en ses châteaux

Bruniquel
Châteaux
07/30/2020 -  et 31 juillet, 1er, 2, 5, 6, 7, 8, 9* août 2020
Jacques Offenbach : La Grande-Duchesse de Gérolstein
Emmanuelle Zoldan (La Grande-Duchesse), Xavier Mauconduit (Fritz), Michel Vaissière (Le général Boum), Christophe Crapez (Le prince Paul), Aurélie Fargues (Wanda), Frank T’Hézan (Le baron Puck), Till Fechner (Le baron Grog), Thibaut T’Hézan (Népomuc), Dominique Desmons (Auf’m Klopp), Jeanne-Marie Lévy (Iza), Aude Fabre (Amélie), Géraldine Casey (Charlotte), Bertille Jollet (Infirmière), Emmanuelle Mercier (La gouvernante), Jean-Christophe Keck (Schumacher)
Ensemble orchestral du Festival des châteaux: Simone Prozzo, Daniel Putrino (flûte), Nicola Tapella (hautbois), Guillaume Teruel, Simone Benevelli (clarinette), Yannick Fromentin (basson), Irène Masullo (cor), Orphée Rebeyrol, Laurent Bernardi (cornet), Jérôme Lezian (trombone), Hugo Chenuet (violon), Lydie Bernard (contrebasse), Yoshiko Moriai (clavier), Chœurs d’enfants, Jeanne-Marie Lévy, Géraldine Casey (chefs des chœurs), Jean-Christophe Keck (direction musicale)
Frank T’Hézan (adaptation et mise en scène), Thibaut et César T’Hézan (assistants à la mise en scène), Guillaume Attwood (costumes), Véronique Willig (chorégraphies), Richard Ascargorta (éclairages)




Mis à part les masques portés par les spectateurs et l’espacement un peu inhabituel qui les sépare, difficile de deviner que la vingt-quatrième édition du Festival des châteaux de Bruniquel se déroule au temps du covid-19, car, outre bien sûr les châteaux (XIIe et XVIIe) dominant les vallées de l’Aveyron et de la Vère, tous les ingrédients y sont, que ce soit avant de s’installer à sa place (saucisses, frites, bière et tombola) mais aussi quand vient le temps de l’after (les fameuses «tables d’hôtes») et, pour ce qui est du spectacle lui-même, Offenbach en majesté, cela va sans dire.


Frank T’Hézan et toutes les générations de sa famille continuent, avec l’assistance d’une foule de bénévoles enthousiastes, de gérer l’ensemble des dimensions artistiques et logistiques de ce festival pas comme les autres qui programme chaque année une œuvre d’Offenbach, donnée à neuf reprises en plein air dans la (relative) fraîcheur du soir et dans les décors offerts par les vieilles pierres. Tout le monde met la main à la pâte pour les praticables et accessoires, ingénieusement conçus puis manœuvrés pour limiter au maximum le temps de pause entre deux tableaux. L’un des points forts de la production réside toujours dans la débauche de costumes créés par Guillaume Attwood, auquel incombe la lourde tâche de vêtir une nombreuse troupe, y compris une ribambelle d’enfants et d’adolescents.



D. Desmons, E. Zoldan, X. Mauconduit (© Joëlle Faure)


Pour cette édition 2020, La Grande-Duchesse de Gérolstein (1867) est tout à fait à son aise en ces châteaux, dont Frank T’Hézan, également aux commandes pour l’adaptation et la mise en scène, exploite au mieux les potentialités. Les ficelles sont parfois un peu grosses et, entre truculence, grivoiserie et gauloiserie, il peut arriver qu’on ne sache pas très bien sur quel territoire on se situe, en particulier un soir de dernière, mais le public apprécie, frappe des mains pour le trio de la conspiration, ne s’émeut pas du vent qui souffle par bourrasques dans les micros et fait fête à tous les participants.


Il est vrai que le plateau réunit des familiers non seulement de Bruniquel mais aussi de ce répertoire, à commencer par Jean-Christophe Keck, à la tête d’un petit ensemble instrumental (six vents, cinq cuivres, deux cordes et clavier) guère avantagé par le plein air. Quant aux chanteurs, c’est toujours un régal que de retrouver, autour du baron Puck de Frank T’Hézan, des personnalités aussi fortes que le baron Grog teutonisant de Till Fechner, le Fritz idéalement rustre de Xavier Mauconduit, le général Boum fantoche de Michel Vaissière et le prince Paul zézayant de Christophe Crapez. Mention spéciale pour Emmanuelle Zoldan, qui réunit toutes les qualités vocales et théâtrales dans le rôle-titre, mais aussi pour les demoiselles d’honneur, dont l’ensemble au début du deuxième acte est particulièrement réussi.


Après les remerciements d’usage, aussi longs que pleinement justifiés, il est plus de minuit mais les choses sont bien loin d’être terminées, puisqu’une grande partie du public ne raterait pour rien au monde, après un brespaildes petites choses consistantes et sympathiques qui se digèrent toutes seules et vous donnent plein de gaieté, de bonheur et de forces») fait de produit locaux et pris sur de longues tables dressées dans la cour du château, le cabaret offert par les artistes. D’abord accompagnés au clavier par la chef de chant Yoshiko Moriai, ils passent en revue tous les genres: opéra (un trio et un duo des Noces de Figaro, un duo de L’Italienne à Alger, un air de Rusalka), les airs italiens («antiques» mais aussi un duo de Tosti), opérette (Tromb-Al-Ca-Zar, Un mari à la porte, la Méditation, retirée après la création, du début de l’acte III de La Grande-Duchesse, Mexico), mélodie française (La Diva de l’Empire), répertoire américain (West Side Story, I can’t help falling in love immortalisé par Elvis Presley), chanson française (La Bohème).


Au fur et à mesure, toutefois, le sérieux laisse la place à l’humour, avec Alexandrie Alexandra, méconnaissable, chanté trois plus lentement et serti dans un accompagnement de lied romantique, puis les «Jeunesses musicales bruniquelaises» (sic) qui entonnent l’immortel Naître et mourir pour la paix, dont les décalages de syllabes très étudiés finissent par éveiller le doute. Quand le ténor Dominique Desmons, pour lequel Frank T’Hézan a créé de toute pièce le rôle d’Auf’m Klopp dans La Grande-Duchesse, arrive pour accompagner la (toute) petite Maya Mauconduit dans Il a mal aux reins Tintin, le doute n’est plus permis: la nuit va basculer dans le fou rire grâce à son talent et à son improbable collection de morceaux «exotiques» (Dans les jardins de Valencia), cocasses (La Chanson hypocalorique), équivoques (Les moins de cent ans, Le Gérontophile) ou scabreux (Elle suçait une sucette). Mais à plus de 3 heures du matin, c’est le traditionnel Se canto occitan qui conclut cette nouvelle soirée hors norme.


Bref, «le bonheur est peut-être là», comme le conclut la Grande-Duchesse.


Le site du Festival des châteaux de Bruniquel



Simon Corley

 

 

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