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Le son lointain

Châteauroux
Chassignolles (La Grange aux pianos)
08/07/2020 -  et 16 août (La Roque-d’Anthéron), 16 décembre (Lyon) 2020
Frédéric Chopin : Préludes, opus 28
Gabriel Fauré : Ballade, opus 19
Enrique Granados : Goyescas: 2. «Coloquio en la reja», 3. «El fandango de candil», 4. «Quejas, o la maja y el ruisenor» & 1. «Los requiebros»

Jean-Philippe Collard (piano)




Dans ce Berry qui réserve un bon accueil à Chopin (Festival de Nohant) et à Liszt (Lisztomanias à Châteauroux), Cyril Huvé a établi sa «maison d’artiste» en pleine campagne: une grange sise au lieu-dit Les Chattons dans le petit bourg de Chassignolles, au sud du département de l’Indre, mais depuis Richter en Touraine, on sait que les granges siéent à la musique, et notamment au clavier. L’espace et le volume offerts par le bâtiment, d’abord destinés à sa belle collection de pianos et à sa riche bibliothèque, se sont rapidement révélés idéaux pour une résidence de musiciens mais aussi pour des manifestations régulières, d’abord à la Pentecôte, sous le double sceau de la proximité et de la convivialité.


Depuis cinq ans, l’été est aussi devenu un moment fort de ces manifestations qui, nonobstant la situation sanitaire, peuvent se tenir du 17 juillet au 13 septembre, avec une programmation présentant des artistes de renom (Philippe Cassard, Karine Deshayes, Anne Gastinel, David Grimal, Delphine Haidan, Jean-Marc Luisada, le Trio Métral...) tout en continuant de réserver une place de choix à la guitare (Thibaut Garcia, Pablo Márquez) et en proposant aussi Les Noces de Figaro dans une version mise en espace avec la troupe de jeunes chanteurs d’Opera Fuoco.



J.-P. Collard (© Yvan Bernaer)


Au fil de ces deux mois, le récital de Jean-Philippe Collard n’était pas le moindre des événements. Entre canicule et covid-19, qui restreint d’environ un tiers la jauge de la salle, le jardin attenant, pour partie sous une tente, est plus que bienvenu, l’estrade étant placée dans l’ouverture de la grange, mais le pianiste n’en souffre pas moins visiblement de la chaleur. Si La Roque-d’Anthéron a ses cigales, ses batraciens et ses arbres, ce sont ici moutons, oiseaux et cloches qui contrepointent la «Pastorale» berrichonne – de menus inconvénients, et même à vrai dire plutôt charmants. En revanche, le piano n’est décidément pas le meilleur des instruments de plein air, d’autant que son couvercle, en l’espèce, était orienté dans la mauvaise direction: dès lors, les Préludes (1839) de Chopin n’offrent qu’un aperçu très partiel de l’art de l’interprète, privé de ses nuances et dynamiques – rien en dessous du mezzo forte – sans parler l’absence totale d’impact physique du son.


Il semble que pour la suite du concert, la discrète sonorisation ait été perfectionnée, car dans la Ballade (1879) de Fauré, on se régale enfin du jeu de Collard, l’un des tout meilleurs actuellement dans ce répertoire, délicat sans mièvrerie, souple sans fadeur, rond sans amollissement. Le raffinement est également de mise dans les quatre premières pièces des Goyescas (1911) de Granados, données dans un ordre assez sensiblement différent de celui de la partition: abordant ces pages comme Chopin et Fauré précédemment, il fait preuve d’un sens de la mesure qui leur confère du caractère sans en exagérer la couleur locale. Retour à Chopin pour un bis d’une poésie infinie, la Quatrième des Mazurkas de l’Opus 17 (1833).


Le site de La Grange aux pianos
Le site de Jean-Philippe Collard



Simon Corley

 

 

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