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Fidelio made in Sweden

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/27/2020 -  et 22 (Orebro), 23 (Stockholm), 25 (Bruxelles), 29 (Essen) février 2020
Ludwig van Beethoven : Fidelio, opus 72
Nina Stemme (Leonore), Michael Weinius (Florestan), Malin Christensson (Marzelline), John Lundgren (Don Pizarro), Karl-Magnus Fredriksson (Don Fernando), Johan Schinkler (Rocco), Daniel Johannsen (Jaquino), Philip Sherman, Stefan Nymark (Prisonniers)
Radiokören, Marc Korovitch (direction), Svenska kammarorkestern, Thomas Dausgaard (direction musicale)
Sam Brown (mise en espace), Bengt Gomér (scénographie, lumières), Helle Carlsson (costumes)


T. Dausgaard (© Thomas Grøndahl)


C’est l’année Beethoven, né à Bonn il y a 250 ans. Verra-t-on une nouvelle production de Fidelio à l’affiche de Bastille ou de Garnier la saison prochaine ? A défaut, celle-ci en propose deux versions de concert, dont on vient d’entendre la première, aux Champs-Elysées, en attendant celle de la Philharmonie en mai, par Simone Young et l’Orchestre de Paris.


Un Fidelio I>made in Sweden, en quelque sorte. Le Danois Thomas Dausgaard est en effet le « chef lauréat » de l’Orchestre de chambre de Suède, assez moyen ici, qu’il soumet à rude épreuve : direction cravachée, tempos rapides, tension et urgence... Un thriller haletant, à rebours de toute anticipation du drame wagnérien, ancré dans son époque – ce que souligne aussi un effectif très éloigné des grandes masses orchestrales. Mais tout est impeccablement tenu et le chef sait créer des climats, suspendre le fameux Quatuor « Mir ist so wunderbar », jouer sur l’opposition entre l’ombre et la lumière, notamment pour un très beau final du premier acte, où le Chœur de la Radio suédoise confirme son excellence.


Suédoise aussi la très homogène distribution. Certes il faut compter avec la fatigue de Nina Stemme lorsqu’elle doit émettre ses notes les plus aiguës, péniblement arrachées et détachées du reste de la phrase. « Abscheulicher » en pâtit beaucoup, avant un second acte laborieux. Heureusement, médium et grave ont conservé leur chair, la ligne sa beauté, l’interprétation son intensité. Michael Weinius, s’il a un timbre assez blanc, ne s’époumone pas, maîtrise et phrase son air, jusqu’à ces aigus qui en laissent plus d’un exsangue : un Florestan émouvant et bien chantant. Bien chantant aussi là où beaucoup éructent, le Pizarro de John Lundgren, d’une noirceur absolue : son Alberich devrait bientôt terrifier Bayreuth, où il fut d’abord Wotan. Autre wagnérien, Johan Schinkler peut passer de la perversité de Hagen à l’humanité de Rocco, grande voix capable de s’alléger. Les autres convainquent moins, excepté le bon Jaquino de Daniel Johannsen : Marcelline de petit format de Malin Christensson, Don Fernando stylé de Karl-Magnus Fredriksson, mais sans la dimension ni les graves du ministre libérateur.


Même bien réalisée, la mise en espace de Sam Brown n’apporte en revanche pas grand-chose – avec scène éclairée au néon et une cage pour Florestan, derrière l’orchestre, le chœur arrivant de la salle. La conversion des dialogues en texte unique actualisé et confié à Jaquino non plus, ce qui prive d’ailleurs le mélodrame du second acte, lorsque Léonore et Rocco descendant dans le souterrain, de son impact dramatique. Une version de concert selon les règles en aurait dit autant sur le message beethovénien.



Didier van Moere

 

 

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