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De l'excessive délicatesse des artistes délicats

Paris
Théâtre du Châtelet
12/22/2001 -  
Jacques Offenbach : airs, ensembles et pièces d'orchestre
Anne-Sophie Von Otter (mezzo), Magali Léger (soprano), Stéphanie d'Oustrac (mezzo), Gilles Ragon (ténor), Laurent Naouri (basse)
Choeur et orchestre les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski (direction)

Jean-Pierre Brossmann et Marc Minkowski seront-ils par leurs choix les artisans d'une nouvelle manière de chanter Offenbach, domaine où tout, il est vrai, était à reconstruire ? Orphée aux Enfers et surtout La Belle Hélène, avec le choix savoureusement décalé d'une Felicity Lott dans le rôle-titre, ont illustré avec bonheur ce parti pris de s'adresser à des chanteurs rompus au répertoire le plus raffiné de l'opéra et de la mélodie, distillant l'humour par la subtilité de leur approche dramatique et non par le recours vulgaire à de grosses ficelles. De ce concert de Noël fondé sur le talent si précieux d'Anne-Sophie Von Otter, on attendait donc des merveilles. Les musiciens, en dépit d'une mise en place moins parfaite que lors des spectacles, surent les prodiguer, avec cette Ouverture à Grand Orchestre dont le romantisme enflammé évoqua pour les uns Schumann, pour d'autres encore Tchaïkovski ou Dvorak, et cette démentielle Symphonie de l'Avenir, parodie wagnérienne extraite du Carnaval des Revues et connue seulement de nom. Les convives ne furent pas en reste, Naouri en compositeur et en alsacien hilarants, Léger et d'Oustrac mutines, ou Ragon encore, dans une forme vocale nous rendant impatients de sa prochaine Platée, même s'ils manquèrent d'éclipser la star. Paraissant douter d'elle même, Anne-Sophie Von Otter réserve au micro mille détails présageant à l'évidence d'un disque jouissif (si le souffle un peu court, le manque d'accents plus fermes dans le grave ne l'entachent pas) et découvre son public la soirée presque terminée. Le génie comique de sa veuve du colonel, de sa Périchole ou de sa Fille du Tambour-Major n'en ressort qu'avec plus d'éclat, silhouette et visage d'immense actrice, chant où la cocasserie la plus débridée s'allie à la plus parfaite musicalité. Suprême artiste, in extremis.


Vincent Agrech

 

 

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