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La Flûte au cinéma muet est de retour

Madrid
Teatro Real
01/19/2020 -  et 21, 25, 30 janvier; 2, 7, 10, 13, 15, 17, 20, 22, 24 février 2020
Wolfgang Amadeus Mozart: Die Zauberflöte, K. 620
Andrea Mastroni*/Rafal Siwek (Sarastro), Stanislas de Barbeyrac*/Paul Appleby (Tamino), Aleksandra Olcyk*/Rocío Pérez/Albina Schagimuratova (La Reine de la Nuit), Olga Peretyatko*/Anett Fritsch (Pamina), Andreas Wolf*/Joan Martín-Royo (Papageno), Ruth Rosique (Papagena), Mikeldi Atxalandabaso (Monostatos), Elena Copons, Gemma Coma-Albert, Marie-Luise Dressen (Trois Dames), Catalina Peláez, Lucía Serinán, Celia Martos, Chandra Henderson, Patricia Ginés, María Guzmán (Garçons), Antonio Lozano, Felipe Bou (Hommes en armes)
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Ivor Bolton (direction musicale)
Suzanne Andrade, Barrie Kosky (mise en scène), 1927 (Suzanne Andrade & Paul Barritt) et Barrie Kosky (concept), Paul Barritt (animation), Esther Bialas (décors et costumes), Diego Leetz (lumières)


S. de Barbeyrac, E. Copons, G. Coma-Alabert, M.-L. Dressen,
A. Wolf (© Javier del Real/Teatro Real)



Quatre ans après, la Flûte de Kosky, Andrade et Barritt (le projet 1927) revient au Teatro Real avec de magnifiques distributions. On a déjà écrit sur cette mise en scène belle et lucide venue du Komische Oper de Berlin. Il ne faut pas y insister. Seulement ceci: d’un point de vue général, elle a paru encore plus satisfaisante qu’il y a quatre ans. Toute l’originalité, toute la beauté, et tout le sens d’initiation (maçonnique ou pas) sont toujours là, et paraissent même multipliés.


Mais, bien sur, les distributions changent. Nous avons vu le couple Peretyatko/de Barbeyrac dans les rôles des jeunes initiés. Que peut-on dire de Peretyatko, la formidable belcantiste (Rossini, Bellini, Donizetti, voire Verdi occupent une place privilégiée dans son répertoire, avec des rôles importants de l’opéra russe, bien sûr), mozartienne confirmée? Sa Pamina a été un des luxes de cette reprise, une Pamina à l’aise dans son costume des Années folles, formidable dans des moments tels que son air du second acte, «Ach, ich fühl’s». Le ténor lyrique Stanislas de Barbeyrac lui donne la réplique, très à l’aise lui aussi avec son rôle de jeune premier, dès les premières mesures («Zu Hilfe!»). Aux côtés du couple, la vilaine Reine de la Nuit: la voix agile et perçante d’Aleksandra Olcyk a été une des plus applaudies de la soirée, avec ces deux airs dont le succès est assuré... pour peu qu’on soit capable de surmonter ces vocalises qui réclament en même temps un dramatisme éloigné des capacités des sopranos purement légères. Et Olcyk a conquis le public du Teatro Real avec ses deux moments, ses deux exploits. Voix pure, au médium formidable mais aussi en difficulté avec les notes plus graves (en raison, peut-être, d’une écriture trop exigeante), la basse Andrea Mastroni a bâti un Sarastro plein de dignité. Je ne sais si je me trompe, mais l’apparence d’Andreas Wolf en Papageno rappelait plus Jack Lemmon que Buster Keaton, comme je l’ai lu quelque part; d’un point de vue vocal aussi bien que théâtral, c’est un Papageno équilibré, comique sans exagération, un baryton à la voix claire, on dirait parfois un ténor. L’autre rôle secondaire est formé par le trio des Dames: deux d’entre elles figuraient déjà dans la distribution de 2016, et elles connaissent bien l’assemblage de ces trois personnages différenciés (elles sont jalouses entre elles à propos du jeune Tamino évanoui) mais identiques dans leur situations dramatiques. Belles voix, sens de la comédie, les voix de Gemma Coma-Albert, Elena Copons et Marie-Luise Dressen ont été récompensées par les chaleureux applaudissements du public. Monostatos, représenté comme un Nosferatu tout blanc, tout pâle, malgré sa plainte sur sa «peau sombre», a été bien incarné par Mikeldi Atxalandabaso, et la tardive Papagena a été chantée avec toute l’espièglerie et l’air coquin que le rôle permet (mais n’impose pas) par une Ruth Rosique très inspirée, dont les exploits nous donnent envie d’en entendre davantage. Les trois garçons de l’ORCAM, dans leurs quatre apparitions, nous rappellent encore une fois le niveau parfois spectaculaire de la formation préparée et dirigée par Ana González. Et encore une fois (aussi), un chœur frôlant l’insurpassable.


Mais il y avait aussi, tout comme il ya quatre ans, la baguette précise mais inquiète d’Ivor Bolton. La vie, le dramatique, le comique, le phrasé, le lyrisme: tout cela et encore plus, dans la mesure où Bolton remplit toute les conditions, toutes les qualités que demande cet opéra où s’équilibrent le comique et un sérieux qui ne veut jamais être grave: la beauté de la musique, l’exigence du classicisme, la comédie (parfois la farce), le lyrisme, la beauté ne se laissant ni diviniser... ni exagérer.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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