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Noir c'est noir

Zurich
Opernhaus
02/02/2020 -  et 4, 6, 8, 11*, 16, 20, 23, 28 février 2020
Christoph Willibald Gluck : Iphigénie en Tauride
Cecilia Bartoli*/Birgitte Christensen (Iphigénie), Stéphane Degout (Oreste), Frédéric Antoun (Pylade), Jean-François Lapointe (Toas), Birgitte Christensen/Justyna Bluj* (Diane), Katia Ledoux (Femme grecque)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (chef de chœur), Orchestra La Scintilla, Gianluca Capuano (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Michael Levine (décors), Franck Evin (lumières), Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Elle a beau se produire chaque saison à Zurich, Cecilia Bartoli n’avait pourtant encore jamais travaillé avec le directeur de l’Opernhaus, Andreas Homoki. C’est désormais chose faite, à la faveur d’une nouvelle production d’Iphigénie en Tauride de Gluck. Le rôle-titre ne fait pas partie du répertoire traditionnel de la célèbre chanteuse, qui ne l’a jusqu’ici interprété qu’à une seule reprise, en 2015 à Salzbourg. Mais plutôt que de se reposer sur ses lauriers, Cecilia Bartoli, pourtant au zénith de sa carrière, prend des risques et sort clairement de sa zone de confort, dans la mesure où Iphigénie est un personnage qui met en avant l’expressivité, alors que ses incarnations habituelles font plutôt la part belle à la virtuosité. Dès les premières interventions de l’artiste, on reste néanmoins sur sa faim car son français est incompréhensible, du moins dans les passages où Iphigénie gronde sa colère, ce qui est rédhibitoire pour un ouvrage où la langue joue un rôle essentiel. Mais Cecilia Bartoli ne serait pas Cecilia Bartoli si elle n’éblouissait pas grâce à ses lamentations et ses plaintes déchirantes, qui culminent sur des pianissimi éthérés.


Si l’astre Bartoli ne brille pas ce soir de son éclat habituel, c’est aussi parce que la chanteuse est entourée de deux interprètes masculins tout simplement exceptionnels, Stéphane Degout en Oreste et Frédéric Antoun en Pylade. Prononciation toujours parfaitement compréhensible et expressive, timbre de velours, projection insolente, phrasé exemplaire, Stéphane Degout ne laisse rien à désirer en Oreste pétri de chagrin et assoiffé de vengeance. Le Pylade de Frédéric Antoun est à l’avenant, avec son ténor stylé, vaillant et tendre à la fois. Par contre, le Toas de Jean-François Lapointe déçoit car le chanteur ne connaît que le fortissimo pour rivaliser d’intensité avec les autres personnages.


Dans la fosse, le chef Gianluca Capuano ne laisse aucun moment de répit aux musiciens de La Scintilla, la formation sur instruments d’époque de l’Opernhaus : les tempi sont particulièrement vifs et rapides, les contrastes affûtés, le drame est ainsi bien présent, mais des imprécisions voire des décalages se font parfois entendre. Un plateau complètement dépouillé plongé dans l'obscurité, des costumes sombres, le metteur en scène Andreas Homoki a choisi la sobriété pour sa production d’Iphigénie en Tauride. L’intrigue se déroule dans un cube noir, dont les faces laissent parfois passer une mince lumière. Pendant l’Ouverture, des figurants représentant Iphigénie et Oreste jeunes, mais aussi Agamemnon et Clytemnestre interprètent l’histoire familiale des Atrides, pour une meilleure compréhension du drame. Un huis clos étouffant qui traduit parfaitement les conflits intérieurs en train de se jouer.



Claudio Poloni

 

 

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