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Un Mahler protestant pour Genève

Geneva
Victoria Hall
02/10/2020 -  et 5, 6, 7 (Amsterdam), 9 (Paris), 11 (Hamburg) février, 14 (Köln), 16 (Amsterdam) mai 2020
Gustav Mahler: Symphonie n° 9
Koninklijk Concertgebouworkest, Myung-Whun Chung (direction)


M.-W. Chung (© Christophe Fillieule)


Nous rattachons probablement un peu trop vite la tradition mahlérienne à l’Europe centrale. Il ne faut pas oublier que sa musique, après avoir été ignorée par son ancien orchestre, a été redécouverte et jouée à Vienne avec régularité par des chefs comme Leonard Bernstein ou plus près de nous Claudio Abbado. Ce n’est pas un hasard si Pierre Boulez lui-même avait gravé plusieurs de ses symphonies avec les Viennois, retrouvant les couleurs si spécifiquement autrichiennes de la musique de Mahler.


Il existe cependant une autre tradition mahlérienne, qui nous vient des Pays-Bas et qui est le fruit de la relation qu’entretenait le compositeur avec Wilhem Mengelberg. S’il est possible d’avoir des doutes sur la contribution exacte encore de nos jours du sulfureux et controversé chef hollandais, cette soirée montre bien à la fois l’excellence des musiciens hollandais mais surtout la spécificité de leur style dans cette musique.


Le son de cet orchestre d’exception ne ressemble à aucun autre. Il ne faut pas y chercher la lisibilité un peu clinique de certains ensembles anglo-saxons. La pâte orchestrale est compacte mais avec une réelle densité. Les cordes impressionnent par une dynamique sans que leur couleur soit affectée et surtout, le son semble partir des instruments médians : altos et contrebasses. Les bois ne ressortent pas autant que dans les orchestres français ou... suisses. Les cuivres sont ronds mais jamais agressifs et saluons au passage un pupitre de trompettes éclatant.


A la tête de cet ensemble d’exception, Myung-Whun Chung ne livre pas une lecture «classique». Il s’attache avant tout à faire ressortir le dramatisme des nombreux passages de l’œuvre. Il y a ainsi peu de rallentandi à la viennoise et la tension ne faiblit jamais. Il sait maintenir une longueur de ligne et un caractère organique dans les deux mouvements extrêmes (Andante comodo et Adagio final). Moment fort de cette exécution, le troisième mouvement (Rondo-Burlesque) est pris à un tempo très vif. Dans ce passage si exigeant, la qualité de la mise est exemplaire et les musiciens impressionnent dans leur capacité à tenir le son et respecter la polyphonie de ce mouvement.


N’étais-ce pas Mahler qui disait que la tradition n’est que le souvenir de la dernière mauvaise représentation... Voici une lecture puissante mais austère, plus «protestante» qu’«ashkénaze», qui démontre que ce chef-d’œuvre que nous pensons connaître nous réserve encore tant de surprises.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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