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L’ombre du maître

Vienna
Konzerthaus
01/30/2020 -  
Wolfgang Amadeus Mozart: Quatuor n° 18, K. 464
Béla Bartók : Quatuor n° 3, Sz. 85
Antonín Dvorák: Quatuor n° 13, opus 106, B. 192

Quatuor Hagen: Lukas Hagen, Rainer Schmidt (violons), Veronika Hagen (alto), Clemens Hagen (violoncelle)


R. Schmidt, C. Hagen, V. Hagen, L. Hagen (© Harald Hoffmann)


Certes, Beethoven était absent du programme proposé par le Quatuor Hagen, mais l’ombre du maître était perceptible en filigrane, aussi bien l’écriture que dans l’interprétation des pages jouées ce soir.


Mozart tout d’abord, dont le cinquième quatuor dédié à Haydn imprima une influence audible sur Beethoven. La lecture des Hagen est étudiée, intellectualisée, mais libre de toute contrainte, les renouvellements de textures et d’attaques apportant un raffinement discret à une vision chambriste assumée. A l’absence de grands gestes symphoniques et de couleurs vives se substitue un nuancier subtil de gradations de gris. Les silences du deuxième mouvement sont particulièrement éloquents, annonçant les paysages abstraits beethovéniens.


Les interprètes changent de braquet dans le Troisième Quatuor de Bartók: on y trouve une flexibilité et une richesse de ton qui leur donnent les moyens de passer du recueillement, à la danse (avec mise en place progressive des éléments folkloriques dans la seconde partie de l’œuvre), puis à l’émotion pure dans la récapitulation, enfin vers le démoniaque dans une coda où les Hagen semblent se démultiplier, à coup de sauts de cordes rageurs qui font oublier les petites imprécisions de justesse constatées dans le Mozart.


L’apogée du concert est sans doute atteint dans le deuxième mouvement du Treizième Quatuor de Dvorák: le choral est joué avec une ferveur qui semble résumer la symbiose des membres du quatuor, fruit de quarante ans de travail commun. Ils réussissent avec naturel à effectuer la synthèse musicale entre la période américaine et le retour en Europe centrale du compositeur, imprimant à la partition un mélange d’espièglerie et de veine mélancolique. Le rubato est réalisé avec spontanéité, et les musiciens montrent à l’occasion qu’ils ont du muscle en réserve.


Derrière l’esprit impeccable de la prestation, l’exécution laisse passer quelques moments de fragilité, avec une justesse parfois un peu tendue, mais révélant l’humanité de l’ensemble.



Dimitri Finker

 

 

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