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Monsieur 100 000 volts

Paris
Philharmonie
01/27/2020 -  et 16, 17, 19 (Milano), 22 (Köln), 23 (Antwerpen), 24 (Essen) janvier 2020
Ludwig van Beethoven : Egmont: Ouverture en fa mineur, opus 84 – Symphonies n° 8 en fa majeur, opus 93, et n° 5 en ut mineur, opus 67
Filarmonica Della Scala, Riccardo Chailly (direction)


R. Chailly (© Luca Piva)


La dernière fois que l’Orchestre philharmonique de La Scala était venu à Paris avec son directeur musical, Riccardo Chailly, en juin 2018, c’était pour une version mémorable à tous égards du Requiem de Verdi. Autant dire que nous étions enthousiaste à les voir revenir pour deux concerts, le premier entièrement consacré à Beethoven (année anniversaire oblige), le second alliant le Concerto pour violon de Beethoven aux Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Autant dire que notre déception fut grande ce soir...


Bien que seulement né en 1953, Riccardo Chailly a une santé un peu fragile, souffrant de problèmes cardiaques. Pourtant, à le voir arriver sur scène, d’un pas plus que jamais rapide et décidé, on a peine à le croire; et ce d’autant qu’il empoigne immédiatement l’Ouverture d’Egmont (1810) avec une force étonnante. Tournant résolument le dos au renouvellement de l’interprétation dont Beethoven bénéficie depuis maintenant presque trente ans, les forces de La Scala alignent un orchestre extrêmement fourni (pensez: cinq cors, dix violoncelles et cinq contrebasses, entre autres) qui, et ce n’est sans doute pas étranger au fait que La Scala soit un temple de l’opéra, nous plongent immédiatement dans la dimension résolument dramatique souhaitée par Beethoven. Les couleurs sombres initiales avant l’explosion sonore sont magnifiques, servies par des musiciens au meilleur d’eux-mêmes (la flûte piccolo qui s’en donne à cœur joie). Chailly, qui adopte toujours une direction très lisible, relance sans cesse les pupitres, insuffle toute son énergie à l’ensemble pour un résultat somptueux.


Malheureusement, ce qui convenait à cette ouverture ne marche pas, en tout cas pas aussi bien, dans les deux symphonies. La Huitième (1811-1812) est d’emblée handicapée par un Allegro vivace e con brio joué sur les chapeaux de roue, que l’orchestre parvient à suivre parfois tant bien que mal. Si la fin du mouvement (les accents et le thème lorsqu’ils sont confiés aux violoncelles et aux contrebasses) est impressionnante avec cette sorte de course à l’abîme, on ne bénéficie d’aucun répit avec le deuxième mouvement, pris très rapidement, où la fluidité des bois fait néanmoins merveille. Le Tempo di minuetto est franchement décevant en revanche, pris encore plus rapidement que le précédent, ne ménageant aucune pause en son sein et, de fait, ne marquant aucun véritable contraste de tempo avec les autres mouvements, la symphonie étant alors handicapée par une sorte d’uniformité assez dommageable. Le mouvement conclusif est de nouveau pris à bras-le-corps par Riccardo Chailly avec une conviction qui force l’admiration, mais au prix d’un certain manque de finition.


Idem pour la très attendue Cinquième, qui aura en plus pâti d’un orchestre plus d’une fois pris en situation de faiblesse. Les presque soixante cordes – dont, cette fois-ci, neuf contrebasses! – n’ont pas toujours la réactivité nécessaire dans l’Allegro con brio (la transition avec les cors...) tandis que la phrase du hautbois au milieu du mouvement bénéficie d’une longueur inhabituelle assez révélatrice: Riccardo Chailly semble privilégier les accents et les éclairages ici ou là au détriment de la vue d’ensemble et du souffle attendus. La fin du mouvement n’en est pas moins des plus prenantes avec la mise en avant des quatre cors, excellents. Après que l’Andante con moto s’est de nouveau perdu dans les détails, le mouvement ressemblant davantage à une juxtaposition d’épisodes dont la cohérence peine à être définie, le premier Allegro souffre d’interventions incertaines des cors (sur les quatre, on a parfois l’impression qu’un seul attaque franchement, d’où un manque de puissance et de cohésion de l’ensemble du pupitre) et, dans le passage fugué, d’un manque de netteté des traits des cordes qui, en tout cas côté premiers violons, sonnent parfois un peu petit. Le second Allegro est assez bien fait, Chailly ne ménageant pas sa peine pour entraîner un orchestre pas toujours très réactif où l’on regrette certaines dynamiques de nuances un peu étranges et un piccolo plus perturbatrice qu’autre chose.

Ovation du public néanmoins qui nécessitait un bis: l’Ouverture des Créatures de Prométhée. Conclusion cette fois-ci magnifique, totalement réussie – enfin, de l’implication et de la dextérité chez les premiers violons! – d’un concert dont on attendait néanmoins à coup sûr davantage.


Le site du Philharmonique de la Scala



Sébastien Gauthier

 

 

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