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Encore plus haut vers les étoiles

Paris
Théâtre des Champs Elysées
12/14/2001 -  17 décembre 2001*
Airs de Caccini, Monteverdi, Haendel (extrait d'Armida, Vivaldi, Broschi, Mozart, Haydn ( Ariana a Naxos, Gluck, Bononcini, Montsalvatge
Cecilia Bartoli, Musiche nove

Devant son public de mondains en délire, qui n'aura pas manqué d'évoquer celui de Maria Callas autrefois dans cette même salle, Cecilia Bartoli nous offre donc, plus qu'un récital, un véritable panorama, dans le répertoire qu'elle fréquente le plus assidûment aujourd'hui, de son talent et de ses limites. Grognons irrécupérables, voici pour les secondes : une voix qui, à force de s'inventer un grave qu'elle ne possède nullement, semble parfois totalement artificielle, une tendance à exploiter jusqu'à la nausée ses propres facilités virtuoses en négligeant les vrais écueils (le son enflé en lieu de messa di voce dans " Son qual nave ", un trille hallucinant mais souvent uniforme). Vétilles ? L'expression vraie dans ce répertoire passe aussi par la maîtrise d'une plus grande variété de figures de style, par une intériorisation plus profonde des affects du personnage, l'Armide de Haendel apparaissant à ce titre bien superficielle, les grimaces dans les airs grotesques de Caccini et Monteverdi moins subtiles que celles osées par les spécialistes mieux renseignés de cette musique. Comme il serait dommage que le succès facile écarte Bartoli du travail qu'il lui reste à accomplir, du théâtre où elle se doit de régner plus encore qu'au concert, des maîtres enfin aptes, tel Harnoncourt ou Hogwood, à la porter au delà d'elle même, quand les musiciens qui lui tiennent ce soir la chandelle ne sauraient en aucun cas l'aiguillonner (très beau théorbe et pianoforte néanmoins, mais violonistes atroces).
Difficile il est vrai de résister à l'abattage insensé de ce Vivaldi et ce Broschi, à ces infaillibles guirlandes de vocalise imposant encore leur précision rythmique sans pareille, la variété de leurs attaques et de leur modelé dynamique même là où s'éteint le timbre. Et de couleurs, la voix n'est pas chiche dans sa tessiture réelle de soprano grave, au sens où pouvaient l'entendre un Gluck, un Haydn, un Mozart. Dès qu'elle alanguit la phrase (comme aussi dans les pages élégiaques des mêmes Monteverdi et Caccini), Bartoli marie la perfection formelle de la ligne, la lumière irrésistiblement sensuelle du haut médium avec une riche palette d'émotions autrement vraie. " Ridente la calma " n'a de rival que celui… d'Elisabeth Rethberg dans les années 20 ! Et tandis qu'Ariana, témoignant une nouvelle fois de sa mystérieuse affinité avec Haydn, impose un portrait bouleversant, les fluides vocalises de Gluck trouvent dans la pulsation un élan contrôlé rappelant, si besoin était, que nous avons affaire à l'une des musiciennes les plus considérables du siècle nouveau. Merveilleuse Cecilia, surtout, continuez à vous donner les moyens de nous enchanter !



Vincent Agrech

 

 

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