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Trilogie noire Gent Opera Vlaanderen 11/21/2019 - et 23, 26, 29 novembre, 1er* décembre 2019 Giuseppe Verdi: Macbeth Craig Colclough (Macbeth), Katia Pellegrino (Lady Macbeth), Tareq Nazmi (Banco), Najmiddin Mavlyanov (Macduff), Chia Fen Wu (Dama di Lady Macbeth), Michael J. Scott (Malcolm), Justin Hopkins (Medico, Domestico, Sicario, Araldo), Bérenger de Mey (Fléance, Apparizione), Maria Bezverkhni, Remus Gesquiere (Apparizione), Sven Verlinden (Duncan), Laura Gils (Una Strega)
Koor Opera Ballet Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Paolo Carignani (direction)
Michael Thalheimer (mise en scène), Henrik Ahr (décor), Michaela Barth (costumes), Stefan Bolliger (lumières)
(© Annemie Augustijns)
La Force du destin en 2012, Otello en 2016, Macbeth (1865) aujourd’hui: Michael Thalheimer continue à mettre en scène des opéras de Verdi à l’Opéra des Flandres dans des décors sombres et dépouillés. Cette fois, le drame se déroule au fond d’une cuve dont les protagonistes peinent à s’extraire, métaphore de la situation inextricable dans laquelle ils se trouvent. Cette scénographie concentrée présente une grande cohérence et la direction d’acteur, compétente et soutenue, confère relief et crédibilité aux personnages. Toutefois, cette production manque trop d’idées originales pour devenir un jalon important dans l’histoire de l’interprétation de cette œuvre, mais elle comporte quelques effets réussis, dû à la disposition des choristes au bord de la cuve, pour observer le couple maléfique, et à la belle utilisation de lumières nocturnes. Une mise en scène, en somme, sans véritable surprise, peu audacieuse, mais assez trash, représentative, en tout cas, de ce que propose cette maison d’opéra, placée sous la direction artistique de Jan Vandenhouwe depuis le début de cette saison.
Ce spectacle repose essentiellement sur les compétences des chanteurs, y compris ceux des chœurs, mais les interprètes répondent aux attentes par leur capacité à habiter leur rôle avec crédibilité tout en chantant avec rigueur, dans un style satisfaisant, la justesse de l’expression prévalant toutefois quelque peu sur le raffinement. Craig Colclough habite intensément le personnage de Macbeth, dont il possède assurément le profil, à défaut d’imprimer une sonorité plus authentiquement italienne à sa ligne vocale. Ce baryton à la voix richement timbrée réussit sa première incarnation de cette grade figure verdienne, tant par son habilité sur le plan théâtral que par la rigueur et la solidité de son chant. Distribuée en Lady Macbeth, Katia Pellegrino révèle une nature vocale et un timbre appropriés pour l’épouse maléfique dont elle traduit avec conviction l’évolution psychologique. Ce couple performant et persuasif excelle tout particulièrement dans les scènes hallucinatoires et de folie.
Tareq Nazmi campe un Banquo vigoureux, fort d’une présence imposante et d’un chant grave et stylé. Najmiddin Mavlyanov arbore en Macduff une solide carrure, ce qui se traduit dans la voix, puissante et éclatante. Les comprimari, Chia Fen Wu en dame de Lady Macbeth, Michael J. Scott en Malcolm et Justin Hopkins en médecin, tiennent convenablement leur partie, tandis que les choristes, une fois de plus épatants de cohésion et d’expressivité, se montrent très au point. Paolo Carignani assure en expert une direction concentrée et dramatique, directe et sans fioriture, à l’image de cette mise en scène. Impeccablement mis en place, l’orchestre, fidèle à sa réputation, joue avec précision et développe de belles sonorités, même à titre individuel – les bois, en particulier. Avec cette production créée à Anvers à la fin de la saison passée, Michael Thalheimer met-il un terme à une sombre trilogie verdienne, ou envisage-t-il d’aborder d’autres opéras du compositeur dans la même optique?
Sébastien Foucart
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