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Point de fuite Liège Salle philharmonique 11/24/2019 - Jean-Sébastien Bach: Le Clavier bien tempéré (Livre II): Préludes et Fugues, BWV 876, 886 et 887
Robert Schumann: Sept Pièces en forme de fughettes, opus 126 – Gesänge der Frühe, opus 133
Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 31, opus 110 Piotr Anderszewski (piano)
(© Arts Management Group)
La saison de l’Orchestre philharmonique royal de Liège comporte une série de récitals de piano le dimanche à 16 heures. Piotr Anderszewski se présente avec un programme peu accessible mais intéressant et cohérent. La première partie débute avec une interprétation claire et rigoureuse de trois Préludes et Fugues du Second Livre (1744) du Clavier bien tempéré. Le pianiste déclame pudiquement ces pièces, mais sans trop de froideur, et avec suffisamment de souplesse et de lyrisme, tout en accordant de l’attention aux détails et à la forme. Il caractérise ces pages avec justesse, avec une sonorité admirable, mais adopte, par moments, une allure un rien trop surveillée.
Toutes ces qualités se retrouvent ensuite dans les Sept Pièces en forme de fughettes (1853) de Schumann. Piotr Anderszewski parvient à différencier son jeu pour révéler les traits propres au compositeur malgré l’influence évidente du Cantor. En dépit de la complexité de l’écriture, il parvient à délayer et à clarifier ces pages qui pourraient paraître compactes sous d’autres doigts moins habiles. Cette œuvre tardive demeure néanmoins éloignée de l’angoisse sous-jacente qui transparaît dans les Chants de l’aube (1853), exactement contemporains et placé en seconde partie. Si le pianiste exprime clairement ses intentions dans la première, ses choix se révèlent par la suite plus flous. Cette œuvre difficile n’atténue évidemment pas cette impression, mais elle convient au tempérament d’Anderszewski qui en habite chaque mesure. L’interprète semble si profondément plongé dans ses réflexions que nous éprouvons l’impression qu’un fossé se creuse entre le public et lui.
Suivre Piotr Anderszewski dans la Trente-et-unième Sonate (1821) de Beethoven, qui se termine – ce n’est pas un hasard – par une fugue, présente également quelques difficultés dues à des ruptures de ton et des fluctuations de tempo inhabituelles voire peu naturelles. Cette lecture tour à tour intérieure et contrastée vaut surtout pour sa maîtrise digitale et sa personnalité, à défaut de laisser un sentiment d’évidence. Le pianiste prend congé du public, en toute discrétion, avec la Première des Bagatelles de l’Opus 126 de Beethoven.
Le prochain récital se tiendra le 9 février: Julien Libeer interprètera En plein air de Bartók, la Deuxième Sonate de Chopin et à nouveau des pièces de Bach, notamment la Deuxième Partita.
Le site de l’Orchestre philharmonique royal de Liège
Sébastien Foucart
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