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Chambriste et symphonique

Berlin
Philharmonie
11/12/2019 -  et 11 décembre 2019
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violon n° 3, opus 61 – Symphonie n° 3, opus 78
Lisa Batiashvili (violon), Christian Schmitt (orgue)
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboïm (direction)


D. Barenboim (© Monika Rittershaus)


Les mélomanes parisiens de ma génération se souviennent peut-être que Daniel Barenboïm, alors directeur musical de l’Orchestre de Paris, avait à l’époque rendu l’hommage que mérite la musique de Camille Saint-Saëns. Il reprend le même chemin à Berlin avec l’ensemble qu’il dirige depuis vingt-cinq ans dans une série de représentations de Samson et Dalila et avec ces deux concerts de musique orchestrale.


Lisa Batiashvili, Daniel Barenboim et la Staatskapelle de Berlin se connaissent bien. Ils ont gravé en studio une des versions qui compte des Concertos de Tchaïkovski et Sibelius. Cette familiarité se traduit par le fait que le chef connaît la sonorité et le style de sa soliste, qui brille par une dynamique d’une grande subtilité plutôt que par une sonorité énorme avec des graves retentissants. L’orchestre, en formation de chambre, est réduit avec seulement trois contrebasses, permettant ainsi une lecture chambriste de ce Troisième Concerto que tant d’instrumentistes utilisent pour faire démonstration de leur virtuosité. Si le premier mouvement Allegro non troppo est un peu neutre, la musicalité de la soliste est évidente dans le cantabile du thème de l’Andantino quasi allegretto. Les équilibres avec les bois sont très travaillés avec en particulier un très beau dialogue avec le clarinette et les harmoniques du violon. Le troisième mouvement a une grâce toute mendelssohnienne, nous rappelant que nous sommes dans la ville de son illustre grand-père.


La direction de Daniel Barenboim est sobre. Les musiciens se connaissent bien et cela se voit et s’entend. Les rares impulsions du chef se traduisent immédiatement. Le son qu’il trouve est assez compact. L’assise des cordes est solide, les bois sont fondus et la dynamique des cuivres est assez large. Les musiciens s’équilibrent assez naturellement. Enfin, les nombreux pizzicatos sont particulièrement en place. A nouveau, vingt-cinq ans de travail commun à ce niveau ne peuvent que servir la musique.


C’est un ensemble plus fourni que l’on retrouve en seconde partie: huit contrebasses sont maintenant sur scène. Barenboim privilégie au-delà de l’élégance de l’œuvre une recherche de ligne assez beethovénienne tandis que la fin du premier mouvement avec les interventions du basson a des couleurs berlioziennes. Les cordes ont des superbes couleurs dans le début du Poco Adagio. Les derniers mouvements ont une réelle puissance sonore et sont merveilleusement construits.


Voici au final une bien belle soirée. Même si Berlin regorge d’activités culturelles, la Philharmonie est quasi pleine et le public constitué de toutes les générations voire de toutes nationalités est bien attentif. Peut-être à un moment où l’idée de l’Europe doit être réexpliquée faudrait-il se réjouir du symbole que représente le fait d’entendre musiciens allemands jouer de la musique française avec une soliste géorgienne avec une telle harmonie ?



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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