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Le retour de l’élixir magique

Madrid
Teatro Real
10/29/2019 -  et 30 octobre, 2, 3*, 4, 6, 7, 8, 9, 10 11, 12 novembre 2019
Gaetano Donizetti: L’elisir d’amore
Sabina Puértolas*/Brenda Rae (Adina), Javier Camarena/Juan Francisco Gatell/Rame Lahaj* (Nemorino), Alessandro Luongo/Borja Quiza* (Belcore), Adrian Sâmpetrean*/Erwin Schrott (Dulcamara), Adriana González (Gianetta)
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Gianluca Capuano (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène, reprise par Eleonora Gravagnola), Paolo Fantin (décors), Silvia Aymonino (costumes), Alessandro Carletti (lumières)


S. Puértolas (© Javier del Real/Teatro Real)


Une production gaie, agile, bon enfant, dont il a déjà été rendu compte il y a six ans. En 2013, cette production de Michieletto était comme un divertissement entre deux productions ambitieuses. Il ne faut pas considérer cette production dans un sens contraire au «comique limité» que ses responsables veulent lui attribuer: c’est beau, mais sans exagérer, c’est frais, naïf, mais ce n’est pas le bouffe des Noces ou du Mariage secret, et Michieletto le sait bien. Ils ont enlevé aux personnages et aux villageois leurs costumes épais d’antan. Les gens sont à la plage, il n’y a que des maillots de bain, des bikinis, du mobilier et des installations de plage, c’est rigolo, mais ses limites sont là, et Michieletto en fait usage, mais il ne nous mène jamais à l’exagération. Voilà tout. La première fut donnée au Palais des Arts de Valence; ce fut ensuite le Teatro Real à Madrid puis La Monnaie à Bruxelles. La fortune de cette production est méritée, mais cela on l’a déjà écrit auparavant. Maintenant on voulait, avant tout, entendre la seconde répartition, avec la voix et la présence de la Navarraise Sabina Puértolas. Une belle surprise, grâce à Sabina mais aussi à ses quatre collègues de cette distribution de petit format où le chœur et les rôles mimés forment un bel ensemble bouffe. La direction dans la fosse a été parfois efficace parfois et un peu trop plate le reste du temps.


Sabina Puértolas a réalisé une très belle incarnation de ce personnage capricieux et charmant qu’est Adina, avec ses facultés de soprano lyrique et aussi léger, avec une belle couleur, une capacité à phraser (un beau legato), un aigu puissant, de très efficaces transitions partant d’un registre centre qui paraît privilégié. Et qui plus est, une bonne comédienne. C’est tout un défi être à l’aise, espiègle, nonchalante, coquine, le tout sur cette plage où se promènent et dansent les beautés. Sabina est à côté d’elles comme une autre beauté, et en outre elle chante son rôle d’ingénue à vocation perverse comme ayant perdu, justement, l’ingénuité. La perversion, on ne peut pas le garantir, viendra après le lieto fine. Au moins, le timbre, le port de sa voix, ses gestes, ses promenades sur la scène-plage nous suggèrent justement cela. Il en faut pas oublier que Sabina Puértolas a été Zerlina, Despina, Servilia, Rosina, Gilda et Marie dans La Fille du régiment, parmi pas mal d’autres rôles dans des grands théâtres: une belcantiste, donc.


Heureusement, Sabina n’était pas seule. Il y avait un Nemorino à sa hauteur dans la voix manquant un peu de puissance mais en même temps légère et très nuancée du ténor kosovar Rame Lahaj. Il ne faut pas exagérer son succès dans «Una furtiva lagrima», cela va de soi. Le baryton galicien Borja Quiza campe un Belcore de beau lyrisme bouffe avec une formidable gestuelle, un très bon comédien. Mais la plus grande quantité de gestes bouffes revient, on le sait, au personnage de Dulcamara, l’arnaqueur sympa qui vend le breuvage érotisant. Adrian Sâmpetrean, basse roumaine, développe dans ses gestes infinis et son verbe inlassable une présence pleine de musicalité simple dans son excès et mesurée dans son comique, un équilibre pas facile, mais atteint par Sâmpetrean. Dans cet opéra, le chœur a une importance capitale, parfois le chœur de femmes. Il est formidable de voir comment le chœur dirigé par Máspero est capable de se promener sur la plage en maillot de bain, tout comme de faire partie de la cour impossible mais dramatiquement véritable de Philippe II. Un chœur (on l’a dit souvent) qui est actuellement dans un moment formidable. Et tout cela malgré un certain manque de complicité de la fosse.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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