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Beethoven, volume 2

Paris
Philharmonie
10/15/2019 -  et 22 septembre (Frankfurt), 10 (Barcelona), 11 (Rimini), 13 (Dole), 16 (Ferrara), 17 (Reggio Emilia), 18 (Milano), 19 (Madrid) octobre 2019
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 3 en mi bémol majeur «Héroïque», opus 55, et n° 5 en ut mineur, opus 67
Académie Beethoven 250 et Le Concert des Nations, Jordi Savall (direction)


J. Savall (© David Ignaszewski)


Année Beethoven oblige, la saison 2019-2020 verra se multiplier à travers le monde les intégrales des symphonies du maître de Bonn. Le présent concert, deuxième parmi les quatre prévus, permettait une fois encore à la Philharmonie de Paris d’afficher salle comble pour un Beethoven qui, s’il avait pu nous interroger au mois de juin dernier, n’en avait pas moins été pleinement convaincant. Mais il faut dire que l’appréhension de la part d’un chef dont le répertoire est plutôt centré sur la période du XVIe au XVIIIe siècles avec un orchestre jouant sur instruments d’époque convenait particulièrement bien aux timbres légers et, somme toute, encore très classique des Première, Deuxième et Quatrième Symphonies. Avec des œuvres en acier bien trempé comme les célébrissimes Troisième (1803-1804) et Cinquième (1805-1808), qu’allait-on entendre?


De façon peut-être un peu paradoxale, c’est finalement la Cinquième qui nous aura le plus convaincu. Certes, les accords introductifs manquent légèrement d’ampleur mais le passage de témoin qui s’enchaîne immédiatement d’un pupitre de cordes à l’autre nous emporte. Sans pour autant pâtir d’une précipitation excessive, le discours adopté par le chef catalan va sans cesse de l’avant grâce à un orchestre en transe, conduit par l’excellent – et quelque peu exubérant parfois dans ses attitudes – Jakob Lehmann au poste de premier violon. La fin de l’Allegro con brio, après le solo de hautbois, fut particulièrement enthousiasmante, la course à l’abîme tant attendue nous ayant ici pleinement convaincu. Les sonorités plus âpres des violoncelles lancèrent ensuite un Andante con moto qui aura parfois manqué de chair mais, paradoxalement peut-être, sans jamais sonner «petit» pour autant. Le geste de Jordi Savall (arborant pour ce concert une baguette en lieu et place de ses mains habituellement nues) veille à prolonger chaque fin de phrase et à ne jamais laisser retomber le discours, les tutti bénéficiant de fait d’une ampleur qu’on ne pouvait toujours soupçonner. Les deux derniers mouvements furent également très réussis. Mention spéciale ici aux deux cornistes (ils furent trois dans l’Héroïque), Thomas Müller et Javier Bonet, qui ne ratèrent aucun de leurs traits, pourtant redoutables dans l’Allegro, les sonorités de leurs cors naturels ayant beaucoup fait pour susciter à l’oreille ce foisonnement musical. Si l’on aura pu regretter une toute fin un peu précipitée, conduisant les pupitres au bord du décalage en quelques occasions, l’enthousiasme de cette interprétation n’en fut pas moins réel.


Pourtant, la Troisième Symphonie n’augurait pas un aussi beau résultat. Non pas que l’interprétation ne fut pas réussie sur un plan strictement instrumental mais, là en revanche, le souffle de l’œuvre ne s’est guère traduit avec toute la force et le côté implacable attendus. Dès les premiers accords là aussi, l’orchestre sonne assez sèchement. Même si les pupitres de violoncelles, puis des cordes dans leur ensemble, «rattrapèrent» ensuite cette verdeur inaugurale, il n’en est pas moins demeuré une interprétation manquant de couleurs et d’opulence. Idem, a fortiori pourrait-on dire, dans la Marcia funebre. Jordi Savall, et c’est sans doute une bonne chose avec un tel orchestre aux couleurs et à la longueur d’archet si différentes d’un orchestre symphonique moderne, a pris le parti de l’aborder sans lyrisme excessif, la gravité n’ayant pas pour autant été écartée. De fait, certains passages purent paraître quelque peu étriqués, notamment au moment du climax du mouvement, ce qui est dommage compte tenu de la qualité de la petite harmonie, excellente de bout en bout. Justement, c’est ensuite à Josep Doménech au hautbois solo et à Marc Hantaï à la flûte de lancer avec une superbe jovialité le troisième mouvement, où l’orchestre s’amusa visiblement, avant que le puissant quatrième mouvement ne soit abordé à vive allure, souffrant là aussi d’une fin trop rapide, au détriment de la lisibilité du discours.


Le public n’en réserva pas moins des applaudissements chaleureux à l’ensemble des musiciens, quelques sifflets ou interjections ayant néanmoins retenti après que Jordi Savall, dont on connaît les convictions politiques, eut (après avoir remercié les mécènes ayant permis de rendre ce projet Beethoven possible) déploré au micro les peines prononcées la veille à l’égard des dirigeants indépendantistes catalans... Terminons donc ce commentaire sur une note neutre et strictement musicale : le prochain épisode beethovénien de Jordi Savall se tiendra en ces mêmes lieux le 2 juin 2020. Au programme, la Pastorale et la Septième!


Le site de Jordi Savall et du Concert des Nations



Sébastien Gauthier

 

 

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