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Le retour de Vivaldi

Tourcoing
Théâtre Municipal
11/23/2001 -  25* novembre 2001
Antonio Vivaldi : Catone in Utica
Simon Edwards (Catone), Jacek Laszczkowski (Cesare), Liliana Faraon (Marzia), Veronica Cangemi (Emilia), Diana Bertini (Fulvio), Philippe Jaroussky (Arbace), Yohan Cattant, Antoine Champène, Vincent Gominet, Mathieu Guez, Rabah Henneguier, Clément Mémery (Soldats et hommes de garde),
Gildas Bourdet (Mise en scène), Damien Bricoteaux (Assistant), Gildas Bourdet, Edouard Laug (Décor), Christine Rabot-Pinson (Costumes), Jacky Lautem (Lumières), Elisabeth Geiger (Clavecin, chef de chant), Christine Plubeau (Viole), Matthias Spaeter (Théorbe), Philippe Couvert (Violon solo),
La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (Direction musicale)
Production Atelier Lyrique de Tourcoing- Reprise (1998)

Il faut tout d’abord louer la grande rigueur et patience sur le plan musicologique dont a fait preuve Jean-Claude Malgoire et son équipe pour exhumer une œuvre d’un grand intérêt, dont une partie (l’essentiel du premier acte) avait été perdue. Le travail de reconstitution minutieux a permis de retrouver deux des sept airs manquants, les cinq autres étant empruntés à d’autres opéras de Vivaldi, le plus en rapport avec la situation dramatique du livret, les récitatifs étant composés par Malgoire. Le résultat est plus que probant, la différence entre les deux parties ne se faisant absolument pas sentir. L’œuvre en elle-même méritait d’être redécouverte et l’on se réjouit qu’après les quelques représentations proposées à Tourcoing en mai 1998, Catone, après une série de 8 représentations à l’Opéra-Comique en mai 2001 revient à nouveau à Tourcoing, en espérant que le spectacle pourra être repris dans d’autres théâtres. Car, pour peu que l’on accepte les conventions de l’opera-seria et ses divines longueurs, son schéma répétitif récitatif/aria da capo, on est séduit par une partition de toute beauté.
La production de Gildas Bourdet est efficace dans sa simplicité et son respect des conventions du genre. Pour une description plus précise, je vous renvoie à la critique qu’en avait fait Florence Trocmé à l’occasion des représentations à l’Opéra-Comique, pour plus détailler une distribution qui, depuis les premières représentations de 1998, a quelque peu changé. Le point noir reste le rôle de Fluvio, confié à la création de 1737 à la virtuose Elisabetta Moro et difficilement distribué aujourd’hui : ni Annie Vavrille en 1998, ni Sylvie Althaparro à l’Opéra-Comique n’avaient convaincu mais Diana Berti les surpasse dans la médiocrité, insuffisante de projection, molle de diction et surtout impossible dans les vocalises, surtout dans son premier air Anch’il mare par che sommerga, issu de Semiramide puis Bajazet, d’autant qu’il a été enregistré récemment dans le récital Vivaldi par Cecilia Bartoli. Heureusement, les autres chanteurs rendent tous justice à leur rôle et sortent vainqueurs des difficultés de la partition. Tout d’abord, la grande musicienne qu’est Veronica Cangemi, annoncée souffrante pourtant, se joue des écarts de ses deux airs de fureur avec une aisance déconcertante, le timbre corsé ayant pris de la consistance au fil des années. Le contraste avec le soprano plus léger, moins coloré mais d'une grande finesse de Liliana Faraon est des plus heureux. Simon Edwards mûrit toujours un peu plus depuis ses premières apparitions hésitantes à Tourcoing, la voix s’élargissant positivement et le comédien sensible brosse un portrait touchant du rôle titre. Restent les deux sopranistes : Philippe Jaroussky, dans un rôle trop secondaire, réussit pourtant à faire remarquer une technique déjà remarquable, un timbre d’une homogénéité rarement rencontrée, une capacité de maîtrise du legato et une facilité dans la vocalisation. Jacek Laszczkowski, bien connu désormais du public de l’Atelier Lyrique de Tourcoing est un comédien extraordinaire incarnant subtilement Cesare, sa magnanimité et ses contradictions ; sa voix a quelque chose de surhumain, gagnant en consistance plus la tessiture rejoint le suraigu, alors que le grave a du mal à se projeter ; sa musicalité est particulièrement évidente dans l’air plein de noblesse qu’est Vincerà l’aspro moi fatto, en fait air de remplacement issu de Semiramide et qui fut le plus beau moment de la représentation.
Jean-Claude Malgoire dirige avec un évident plaisir cette partition passionnante et prend soin de ses chanteurs tout en faisant preuve d’une réelle rigueur dans sa direction.



Christophe Vetter

 

 

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