About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le piano ascétique de Lucas Debargue

Paris
Philharmonie
10/14/2019 -  
Domenico Scarlatti : Sonates Kk. 6, 438, 404, 405, 206, 531, 447, 27, 14, 253 et 115
Nikolaï Medtner : Sonate pour piano n° 3, opus 22
Franz Liszt : Années de pèlerinage. Deuxième Année: Italie: «Après une lecture du Dante»

Lucas Debargue (piano)


L. Debargue (© Xiomara Bender)


On n’aime ou n’aime pas Lucas Debargue, mais il ne laisse pas indifférent: c’est un pianiste qui pense, va au fond des partitions, les met à nu, fort d’une maîtrise absolue des doigts et du clavier. Ses Scarlatti fourmillent d’idées, tout en surprises et en rebonds, semblent se réinventer à chaque instant. Griffu et percussif, caressant et rêveur, son jeu explore toutes les ressources de l’articulation, faisant des onze Sonates qu’il a choisies pour son récital à la Philharmonie un art de toucher... le piano. Jamais en effet il ne cherche à imiter le clavecin. La gamme de nuances semble infinie, du noir au blanc – on ne parlera pas vraiment de couleur. Certes il ne donne pas, comme d’autres, l’impression de vagabonder en toute liberté: il sait où il va et par quels chemins. La souplesse agogique relève plus du calcul de l’abandon. C’est un fantasque cérébral, ascétique. On ne le niera pas: tout cela frise parfois la sophistication. Mais, pendant presque une heure, il nous tient sous le charme. Et les Sonates, comme le choix des tonalités et des tempos ne doit rien au hasard, s’enchaînent naturellement et constituent un tout. Une invitation à écouter le coffret de quatre CD que vient de publier Sony (voir ici).


Debargue a toujours manifesté une inclination pour le méconnu Medtner, trop souvent considéré comme un épigone du romantisme – qu’a-t-on besoin de lui, puisqu’on a son ami Rachmaninov? Mais la Troisième Sonate, au-delà de son lyrisme brûlant, de sa cyclothymie exacerbée, témoigne d’une concentration remarquable – il y résume une forme en 15 minutes. C’est cela qui, visiblement, intéresse le plus le pianiste, surtout soucieux de révéler le mettre à jour le jeu des textures et es sonorités, de les mettre sous les feux d’une lumière crue, rebelle à tout hédonisme – n’oublions pas qu’il compose aussi. C’est sa façon à lui, singulière, de créer l’émotion – une poésie de l’analyse, en quelque sorte. La Dante Sonate de Liszt, ainsi, a quelque chose d’implacable, même quand elle s’adoucit au souvenir du bonheur ou s’ouvre, à la fin, vers la rédemption. La médaille, cependant, a un revers: une tendance, déjà observée chez lui, à la déconstruction.


Trois bis: la Sonate K. 32 de Scarlatti, une Toccata d’après un Prélude de Bach en ut mineur de Bach de Debargue lui-même, la Seconde Ballade de Liszt enfin, veste tombée. Presqu’un mini-récital. Debargue y persiste et y signe, ne ressemblant à aucun autre.


Le site de Lucas Debargue



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com