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Le théâtre sacré de Felix Mendelssohn

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/08/2019 -  et 3 octobre 2019 (London)
Felix Mendelssohn : Elijah, opus 70
Carolyn Sampson (La veuve, Un ange), Anna Stephany (La reine, Un ange), Robert Murray*/Brenden Gunnell (Abdias, Achab), Roderick Williams*/Christian Immler (Elie), Emma Walshe (L’enfant)
Orchestra and Choir of the Age of Enlightenment, Masaaki Suzuki (direction)


R. Williams (© Groves Artists)


Salle assez clairsemée pour Elias. C’est fort dommage : ni Mendelssohn ni Masaaki Suzuki ne méritaient ça. L’oratorio en deux parties est un des chefs-d’œuvre du compositeur allemand, qui y ressuscite, sans psittacisme, l’esprit de Bach, de Händel et de Haydn. On y suit le prophète, de l’annonce de la sécheresse à son ascension sur un char de feu, en passant par la résurrection du fils de la veuve de Sarpeta et le châtiment des prêtres de Baal.


A la version allemande, plus répandue, Masaaki Suzuki a préféré l’anglaise, l’œuvre triompha d’abord à Birmingham, en 1846, puis à Londres, un an plus tard. Magnifique direction du Japonais : elle restitue tout le génie dramatique de Mendelssohn, ce sens du théâtre qui pourtant jamais ne s’épanouit dans un opéra. Aussi narratif qu’évocateur, Suzuki dirige une épopée grandiose, d’un romantisme flamboyant, pleine de bruit et de fureur – saisissante scène des prêtres de Baal. Mais il peut aussi se recueillir, passer de la fresque au pastel, nimbant d’une douce lumière le Quatuor avec chœur de la seconde partie. Les contrastes, néanmoins, ne sont jamais outrés, intégrés dans une vision très unitaire.


Le chœur lui répond superbement, les sopranos assumant leurs aigus, l’orchestre également, même si les cordes, les violons surtout, ont besoin de se chauffer pour s’arrondir. Un rien inégal, le quatuor soliste reste solide et homogène, toujours stylistiquement pertinent. Le soprano fruité de Carolyn Sampson chante une veuve frémissante et un premier ange très incarné, alors que le mezzo généreux d’Anna Stéphany reste assez prosaïque en Reine et en second ange. Remplaçant Brenden Gunnell à Londres, Robert Murray assure très bien, mais les airs d’Abdias et du ténor manquent un peu de velours et de grâce. L’Elie de Roderick Williams les domine tous, authentique hoher Bass qu’il faut ici, belle voix par sa puissance et son timbre un peu rocailleux, qui certes a parfois tendance à bouger : il a la puissance et la ferveur du prophète, impressionnant dans les accents furieux de « Is not His word », magnifiquement maîtrisé, touchant dans les implorations de « Lord God of Abraham « ou « It is enough ».


Décidément, tout cela méritait une salle pleine.



Didier van Moere

 

 

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