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Début du cycle Britten/Chostakovitch à Genève

Geneva
Victoria Hall
09/25/2019 -  26 septembre 2019 (Lausanne)
Benjamin Britten: Four Sea Interludes from “Peter Grimes”, opus 33a
Dimitri Chostakovitch: Concerto pour violon n° 1, opus 99 – Symphonie n° 5, opus 47

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)


Un des fils rouges de cette saison symphonique de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) sera une série de concerts où seront mêlées les œuvres des deux amis qu’étaient Benjamin Britten et Dimitri Chostakovitch. Il sera possible d’y entendre de Britten son Concerto pour violon, Présentation de l’orchestre, Les Illuminations,Lacrymae pour alto et cordes... tandis que Chostakovitch sera représenté par ses Quatrième, Dixième et Quatorziième Symphonies et le Premier Concerto pour violoncelle. C’est une excellent initiative qui permet d’entendre des œuvres qui sortent des sentiers battus et qui sont plus naturellement dans le style de cet orchestre qu’on associerait trop facilement à de la seule musique française.


Benjamin Britten pensait-il aux interludes de Lady Macbeth quand il a écrit les Sea Interludes de Peter Grimes ? Dans les deux cas, il s’agit d’une musique puissante où l’atmosphère d’oppression de fait que grandir. Jonathan Nott a parfaitement compris la dimension opératique de ces œuvres. Certains tutti demandent à être peu construits mais les solos rendent justice à l’atmosphère de ces pièces. L’odeur de la mer était bien présente à Genève dans cette dernière tempête finale.


Le Premier Concerto pour violon de Chostakovitch est un chef-d’œuvre dont le sommet se doit d’être la Passacaille, ce troisième mouvement dont le long solo de violon est d’une rare intensité et peut-être sa plus belle page. Comme pour Peter Grimes, il s’y dégage un terrible sentiment d’oppression et nous savons ce qu’était la situation terrible du compositeur Russe. Le jeune violoniste Sergey Khachatryan y déploie une belle technique avec une chaleur dans ses notes graves. Le Scherzo n’est cependant pas sans problèmes. Pris à un tempo assez vif, les musiciens semblent un peu gênés par le besoin d’équilibrer soliste et masse orchestrale et l’ensemble n’est pas assez percutant. Mais surtout, ce troisième mouvement n’a pas la dimension de l’œuvre. Elle démarre avec force et autorité par un orchestre sonore et terrifiant, mais l’intervention du soliste qui suit a trop de détachement, comme si le violoniste arménien voulait réduire de son contenu émotionnel. La cadence qui suit montre sa maîtrise mais il passe terriblement à côté de cette page pourtant sublime.


Peut-être les musiciens sont ils libérés en se retrouvant sans soliste mais l’ensemble que l’on entend dans la seconde partie s’avère de très haut niveau. Jonathan Nott connaît maintenant ses musiciens et l’acoustique délicate de la salle. Voici une exécution qui montre bien comment cet orchestre continue à évoluer sous l’impulsion de son directeur musical dans la continuité de celle qu’ils nous avaient donné dans la Sixième Symphonie de Mahler en mars dernier. Il y a des tutti équilibrés et une réelle richesse sonore que l’OSR n’a pas toujours eue. Le niveau instrumental des musiciens est élevé. Il faut comme toujours mentionner les interventions de Sara Rumer à la flute ainsi que de Dmitry Rasul-Kareyev à la clarinette mais à leurs côtés, Clarisse Moreau au hautbois est vraiment le nouvel atout des bois de l’orchestre. Il faut également rappeler la qualité de Ross Knight au tuba. Les cuivres trouvent des nuances piano qui leur sont habituelles. Les tutti sont ainsi équilibrés sans que la dynamique soit sacrifiée. Les parties médianes altos et violoncelles ressortent permettant de mettre en avant la richesse harmonique de l’œuvre.


C’est dans de telles conditions qu’ il est possible de se concentrer sur l’essentiel qu’est la musique. Jonathan Nott donne une lecture mahlérienne de cette symphonie. La coda du premier mouvement avec cette musique nocturne avec les superbes échanges entre la timbale et célesta est pleine de mystère. L’Allegretto est sauvage et grinçant tandis que le Largo est très émouvant avec de très beaux solos de flûte et de hautbois. Le finale (Allegro non troppo) a de la puissance mais surtout on ressent comme le compositeur insiste trop et à quel point ce finale est plein d’ambiguïté et que la présence terrible de Staline est si proche.


Il y aura d’autres occasion d’entendre ces musiciens dans la musique de Chostakovitch. Cette exécution montre qu’il ne faudra pas les manquer.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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