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Le papillon et l’éléphant

Liège
Opéra royal de Wallonie
09/13/2019 -  et 15*, 17, 19, 21, 22, 24, 26, 28 septembre 2019
Giacomo Puccini: Madama Butterfly
Svetlana Aksenova*/Yasko Sato (Cio-Cio San), Alexey Dolgov*/Dominick Chenes (Pinkerton), Mario Cassi (Sharpless), Sabina Willeit (Suzuki), Saverio Fiore (Goro), Alexise Yerna (Kate Pinkerton), Luca Dall’Amico (Lo zio Bonzo), Patrick Delcour (Il Commissario/Yamadori), Alexei Gorbatchev (Yakuside), Benoit Delvaux (L’ufficiale del registro), Réjane Soldano (La madre), Dominique Detournay (La zia), Barbara Pryk (La cugina)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Speranza Scappucci*/Ayrton Desimpelaere (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie-Liège)


La nouvelle saison à l’Opéra royal de Wallonie ? Surtout des opéras italiens, au détriment de pans entiers du répertoire, avec toutefois quelques exceptions : Orphée et Eurydice de Gluck dans la version de Berlioz, du 18 au 26 octobre, une coproduction avec l’Opéra Comique, la reprise des Pêcheurs de perles de Bizet, du 8 au 16 novembre, et une nouvelle production de Lakmé de Delibes, du 22 au 30 mai. Weber, Wagner, Strauss, tant Richard que Johann, et quantité d’autres compositeurs tchèques, russes et anglais doivent encore attendre leur tour. Le programme comporte, malgré tout, une œuvre américaine, Candide, le 15 novembre, dans une version semi-scénique, alors que l’ouvrage de Bernstein mérite une production de plus grande envergure, et une rareté de Verdi, Alzira, du 17 au 25 avril.


La saison débute ainsi par Madame Butterfly (1904) représenté pour la dernière fois en 2001. Stefano Mazzonis di Pralafera transpose l’histoire dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale et opte comme d’habitude pour une approche au premier degré, mais lisible et respectueuse des conventions, au point de s’appuyer sur les conseils d’une consultante en tradition japonaise, dont le nom figure dans le programme. Superbement éclairés, les décors nous plongent d’emblée au pays du Soleil-Levant, et les somptueux kimonos tombent impeccablement sur ces dames et ces messieurs. La scénographie oppose deux parties plutôt dissemblables, la première montrant un Japon très archétypal, la seconde plus moderne, comme le suggèrent la tenue et l’intérieur de la maison de Cio-Cio San. Les ateliers méritent de recevoir, à nouveau, de vifs éloges, tandis que la direction d’acteur se révèle des plus ordinaires, mais efficace. Pour une fois, cette mise en scène conventionnelle se déroule donc sans accroc ni vulgarité rédhibitoire... jusqu’à l’arrivée d’un hélicoptère qui se dépose malaisément sur le toit de la maison de Cio-Cio San et duquel sortent Sharpless, Pinkerton et sa femme, avec le même effet que celui provoqué par un éléphant dans un magasin de porcelaine. Cette idée absolument ridicule ruine la tenue de ce spectacle jusqu’ici de bon goût et montre, une fois de plus, le manque de discernement du directeur général et artistique dans ses mises en scène. Le spectacle réserve, à la fin, un étonnant coup de théâtre : le public découvre qu’un tas de chiffons remplace l’enfant dans le berceau, alors que ce dernier est censé avoir 3 ans, ce qui laisse planer le doute quant à son existence.


Pour assurer les neuf représentations, l’Opéra royal de Wallonie réunit une double distribution pour le rôle-titre et celui de Pinkerton. Svetlana Aksenova possède le profil requis pour Cio-Cio San, qu’elle incarne avec justesse et profondeur. Sa voix aux teintes typiquement slaves épouse étroitement l’évolution psychologique de ce personnage, au début une jeune fille malicieuse mais discrète, ensuite une femme plus complexe au caractère affirmé. Cette héroïne exigeante ne semble guère poser de difficulté à cette soprano au legato, au phrasé et au vibrato excellents. Le Pinkerton d’Alexey Dolgov paraît plus schématique, mais à défaut de marquer le rôle de son empreinte, le ténor se hisse à un assez haut niveau vocal, par la beauté du timbre et la tenue du chant. Mario Cassi laisse une impression mitigée : son Sharpless affiche une belle prestance mais il ne se démarque guère par le chant, monotone et stylistiquement quelconque. Sabina Willeit livre une prestation toute de sobriété en Suzuki, incarnée avec retenue et chantée avec maîtrise. Le metteur en scène confère à Goro un aspect purement caricatural, mais Saverio Fioro satisfait aux attentes dans cet emploi, tandis qu’Alexise Yerna, qui n’a presque rien à chanter, parvient à rendre le personnage de Kate un tant soit peu substantiel ; Luca Dall’Amico, enfin, prête sa voix grave et sa figure autoritaire au bonze.


Speranza Scappucci dirige un orchestre généralement précis, malgré quelques décalages au début. Le chef s’attache au raffinement des timbres, à l’équilibre des proportions et à la continuité du flux musical. Les différents pupitres excellent dans cette partition, de toute évidence, travaillée en profondeur, mais ils auraient pu exalter davantage la merveilleuse orchestration de Puccini, au moyen d’une sonorité plus présente et de contrastes de dynamique plus nets. Outre quelques concerts, le 6 octobre, avec Ildebrando d’Arcangelo, et le 28 février, avec Anna Netrebko et son époux, Yusif Eyvazov, le chef principal reviendra diriger La Cenerentola, du 18 au 31 décembre, et La sonnambula, du 13 au 21 mars, tandis que Stefano Mazzonis di Pralafera mettra encore en scène deux productions, cette saison, dans son théâtre, Don Carlos, du 30 janvier au 14 février, et Nabucco une reprise, du 17 au 27 juin. Il convient de noter, en guise de nouveauté, la présence de sous-titres en quatre langues : français, néerlandais, allemand et anglais. L’Opéra des Flandres devrait en prendre de la graine.


Le site de l’Opéra royal de Wallonie



Sébastien Foucart

 

 

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