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Tableaux espagnols

Oviedo
Claustro del Museo arqueologico
08/27/2019 -  
Enrique Granados: Allegro de concierto, opus 46 – Goyescas o los majos enamorados
Javier Negrín (piano)


J. Negrín (© S. Guy)


Un des derniers concerts du festival d’été d’Oviedo se déroule – malheureusement (en raison de son acoustique très réverbérée) – dans le cloître du Musée archéologique de la ville. Comme souvent, on s’y rend sans connaître précisément le programme, le calendrier global se contentant du seul nom du pianiste et le journal local, La Nueva Espana, n’indiquant que ce nom et celui d’un compositeur, Enrique Granados (1867-1916), sans détail aucun, nulle autre source d’information n’étant à vrai dire disponible.


Effectivement, Javier Negrín, pianiste pourtant éclectique au vu de ses programmes, né en 1997 aux Canaries, formé en partie à Londres et qui enseigne aujourd'hui au Centre supérieur d’éducation musicale Katarina Gurska de Madrid, consacre l’intégralité de son récital, d’un peu plus d’une heure, à la production pianistique de Granados. Il est vrai qu’il s’est lancé dans l’enregistrement de l'œuvre complet pour piano du compositeur catalan pour le label Odradek Records.


Il débute son concert, sans pause, par l’Allegro de concert (1904), pièce de concours, très lisztienne. Parfaitement à l’aise, il présente très brièvement la pièce, en reprenant les mots mêmes d’Enrique Granados, comme il le fera pour toutes les suivantes. On est gêné au début par la réverbération qui noie tous les forte dans une sorte de brouillard sonore pénible d’autant que le jeu de Javier Negrín est puissant mais la réalisation, peut-être un peu dure, ne manque pas de panache.


Dans les deux cahiers des Goyescas (1914), on a la confirmation que Javier Negrín est dans son élément avec Granados. Il connaît parfaitement l’œuvre. Dans la première pièce, il manifeste une sorte de gaîté, presque naïve, à peine perturbée par des coups de pied sur la pédale de droite. Le duo d’amour constitue un moment de grâce; le pianiste sait dessiner des arabesques délicatement ouvragées, marquées par une passion qui s’achève dans la douleur. Le «Fandango» est abordé plutôt lentement, ce qui permet d’en dégager la force enivrante, voire ensorcelante. La quatrième pièce, dédiée à la femme du compositeur, est encore un chant d’amour. Javier Negrín ne précipite pas le discours pour mieux en dégager les nuances. L’«Amour et la Mort» ne manque ensuite pas de souffle; le geste est ample et Javier Negrín sait nous déchirer le cœur, notamment lors du glas final. Enfin, le pianiste fait montre d’une belle maîtrise technique dans l’«Epilogue», nimbé d’un mystère presque inquiétant.


En bis, il propose El pelele (Le pantin), autre page bien connue de Granados, aux thèmes populaires fortement travaillés. Le jeu est indéniablement brillant et Javier Negrín semble jouer tout cela avec une infinie facilité. Il achève ainsi un récital très convaincant, excitant notre curiosité à son endroit.



On relèvera que dans son programme de concerts figure, avec huit de ses collègues, l’exécution de l’ensemble des sonates de Beethoven et des études de Ligeti au Théâtre Fernando de Rojas à Madrid lors de la prochaine saison. Il doit jouer le 27 janvier prochain. Une occasion sans doute de confirmer la variété de ses talents.



Stéphane Guy

 

 

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