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Passionnant et frustrant

Avignon
Goult (Eglise Saint-Sébastien)
08/19/2019 -  
Johann Sebastian Bach : Die Kunst der Fuge, BWV 1080: Contrapunctus I, III et IX
Franz Schubert : Quatuor n° 14 «Der Tod und das Mädchen», D. 810

Quatuor Chiaroscuro: Alina Ibragimova, Pablo Hernán Benedí (violon), Emilie Hörnlund (alto), Claire Thirion (violoncelle)


C. Thirion, E. Hörnlund, P. Hernán Benedí, A. Ibragimova
(© Eva Vermandel)



Dans des conditions difficiles – une température étouffante dans la petite église Saint-Sébastien (XIIe-XVIIIe) de Goult où ne reste plus la moindre place assise –, le Quatuor Chiaroscuro se présente comme les Emerson: debout (à l’exception bien sûr de sa violoncelliste), s’appropriant Bach, donnant l’impression de vouloir contrôler tous les paramètres et recherchant l’inouï. La comparaison s’arrête toutefois là, car cette formation multinationale, associant des violonistes russe et espagnol, une altiste suédoise et une violoncelliste française, a choisi de jouer sur «instruments anciens». Les musiciens classiques possédant souvent des instruments «anciens», il convient de préciser ce dont il s’agit ici: il y a d’abord une dimension tenant à la facture (cordes en boyau, archets, violoncelle sans pique) mais aussi, et peut-être surtout, une approche stylistique, une recherche d’authenticité, qui se traduisent de manière immédiatement perceptible dans l’articulation et dans la stricte limitation du vibrato.


Des ingrédients qui semblent tout à fait adaptés aux trois contrepoints extraits de L’Art de la fugue (1750), d’autant que s’y ajoutent un sérieux imperturbable et un sens très abouti de l’abstraction, même si l’on se demande toujours si cette musique n’est pas davantage faite pour être admirée et analysée que pour être écoutée. Le comble, ici, est que l’acoustique un peu confuse ne permet pas toujours d’entendre correctement les quatre voix et, plus largement, d’apprécier pleinement les choix interprétatifs inhabituels du Quatuor Chiaroscuro, son sens du détail, son exacerbation des nuances dynamiques, son jeu sur les silences.


Sans discuter de la pertinence de confier à des «instruments anciens» le Quatorzième Quatuor «La Jeune Fille et la Mort» (1824) de Schubert, l’urgence indéniable imprimée dès le premier mouvement n’exclut pas un certain maniérisme, comme dans ces ralentis un peu trop appuyés, et les partis pris esthétiques, certes appliqués avec une grande cohérence, ne laissent que peu de place à certaines données communément jugées consubstantielles à l’univers schubertien (chaleur, charme). La sonorité, étriquée voire acide, n’y contribue pas, alors que la réverbération aurait dû l’avantager. Dans le final, même si l’énergie, la prise de risque et la virtuosité y sont – Alina Ibragimova a d’ailleurs déjà dû terminer le deuxième mouvement avec une corde cassée –, le tempo fluctue trop pour que le discours ne paraisse pas manquer de fluidité.


Bref, c’est aussi passionnant – il faut saluer un effort de recherche et de renouvellement dans ces œuvres rabâchées – que frustrant – le résultat n’est pas probant, en partie à cause du lieu. Le Quatuor Chiaroscuro prend congé avec l’Adagio, ma non troppo du Sixième Quatuor (1800) de Beethoven, qui tend à confirmer que son approche semble plus naturelle dans des pages au caractère romantique moins affirmé.


Le site du Quatuor Chiaroscuro



Simon Corley

 

 

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