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Le quatuor est aussi à la fête en Provence

La Roque
Abbaye de Silvacane
08/18/2019 -  
Johannes Brahms : Quatuor n° 2, opus 51 n° 2
Béla Bartók : Quatuor n° 4, Sz. 91
Ottorino Respighi : Il tramonto

Axelle Verner (mezzo)
Quatuor Arod: Jordan Victoria, Alexandre Vu (violon), Tanguy Parisot (alto), Samy Rachid (violoncelle)




Il n’y a pas que les amateurs d’opéra ou de piano à se réjouir l’été en Provence: avant même la création du Festival de la Roque-d’Anthéron, le Festival de Quatuors du Luberon est lui aussi parvenu à inviter des artistes de tout premier plan, la liste des quatuors à l’affiche depuis 1976 constituant quasiment une copie du bottin des meilleurs quartettistes de notre temps (Amati, Artemis, Artis, Auryn, Béla, Belcea, Casals, Danel, Debussy, Dolezal, Doric, Ebène, Eder, Enesco, Festetics, Fine Arts, Girard, Hagen, Keller, Kocian, Leipzig, Ludwig, Mandelring, Manfred, Minguet, Modigliani, Orlando, Parisii, Prazák, Psophos, Quiroga, Signum, Sine Nomine, Skampa, Takács, Talich, Via Nova, Vlach, Voce, Vogler, Wihan, Ysaÿe, Zaïde, Zemlinsky...).


La quarante-quatrième édition, du 15 au 25 août, n’est pas en reste, puisqu’elle présente successivement, outre le Quatuor Zaïde, en charge de la direction artistique depuis 2013, les quatuors Akilone, Voce, Arod, Chiaroscuro et Auryn. Après des thématiques régionales («Autriche-Hongrie 1867-1918» en 2016, «Accent russe» en 2017 et une «Saison française» en 2018), le thème retenu cette année est «Femmes. Muses enchanteresses, compositrices savantes, interprètes éclairées», ce qui permet notamment d’entendre des œuvres (dont une création commandée par le festival) de Camille Pépin, compositeur en résidence, mais aussi de Sofia Goubaïdoulina et Xu Yi, et, comme il n’y a pas que les cordes frottées dans la vie, le quatuor baroque féminin Kapsber’girls et ses cordes vocales et pincées dans un programme «Vous avez dit brunettes?».


Et comme tout festival qui se respecte, celui-ci propose également des prolongements divers, à destination du public (exposition de Danielle Doucet, lutherie avec démonstration, table ronde «Femmes artistes», présentations d’avant-concert, visites, buffets et dégustations précédant ou suivant les concerts) comme des amateurs, qui peuvent suivre un stage de musique de chambre et former un «orchestre éphémère», ou des jeunes quatuors professionnels, au travers d’une académie en partenariat avec ProQuartet comprenant une classe de maître publique et dont le concert final constitue le point d’orgue de la «fête du quatuor» qui se déroule durant toute une journée dans le village de Roussillon.



J. Victoria, S. Rachid, A. Vu, T. Parisot (© Marco Borggreve)


Comme de coutume, les concerts se tiennent dans les petites églises de Vaucluse (Cabrières-d’Avignon, Goult, Roussillon), au Conservatoire des ocres de Roussillon et, pour quatre d’entre eux, au pied du Luberon, en l’abbaye de Silvacane. Remarquable pour le piano comme le confirmait la veille le récital de Pavel Kolesnikov dans le cadre du festival voisin de La Roque-d’Anthéron, l’acoustique se révèle sans doute encore meilleure pour le quatuor, très naturelle, agréablement flatteuse et donnant une image globale de l’ensemble sans étouffer les individualités.


Constitué en 2013, premier prix au concours de l’ARD à Munich en 2016, le Quatuor Arod a choisi un programme difficile, débutant avec le Deuxième Quatuor (1873) de Brahms. D’emblée, la belle homogénéité de cette jeune formation ne manque pas de frapper: un véritable primarius en la personne de Jordan Victoria, une solide charnière centrale avec Alexandre Vu au second violon et Tanguy Parisot à l’alto, et l’excellent violoncelle de Samy Rachid. La qualité instrumentale est à l’avenant, davantage dans la finesse et la clarté que dans la chaleur ou la rondeur. La personnalité n’en est pas moins fortement affirmée par des gestes tranchants et une fougue qui réussit particulièrement à l’Allegro non assai final.


Après l’entracte, le Quatrième Quatuor de Bartók ne vient pas démentir cette impression très favorable, bien au contraire: électrique, âpre, mordant, sauvage même, il éclate dans toute sa nouveauté, comme si l’encre n’en était pas encore sèche. Une interprétation coup de poing, sans concession, n’était la poésie du Non troppo lento central ou l’humour de l’Allegretto pizzicato.


Même s’il apporte un peu d’apaisement après cette débauche d’énergie, Le Coucher de soleil (1918) de Respighi aurait peut-être été mieux mis en valeur avant Bartók. Cela n’empêche pas la jeune mezzo Axelle Verner, membre des Kapsber’girls, de s’imposer avec une voix juste et un beau timbre, qui, avec l’âge, gagnera certainement en velouté dans l’aigu. A ses côtés, le Quatuor Arod apporte toute la luxuriance, la passion et la nostalgie requises par le poème de Shelley, avec, au dehors le gazouillis des oiseaux...


Le site du Festival de quatuors du Luberon
Le site du Quatuor Arod



Simon Corley

 

 

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