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La force de l’évidence

Nièvre
Millay (Eglise Saint-Maurice)
08/05/2019 -  
Ludwig van Beethoven : Trio avec piano n° 5 «Des esprits», opus 70 n° 1
Ernest Bloch : Trois Nocturnes
Christian Rivet : Courant d’étoiles (création)
Robert Schumann : Trio avec piano n° 1, opus 63

Trio Wanderer: Vincent Coq (piano), Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon), Raphaël Pidoux (violoncelle)


J.-M. Phillips-Varjabédian, V. Coq, R. Pidoux


Dans une église de Millay une fois de plus bondée, le programme du Trio Wanderer joue pleinement le jeu de la thématique nocturne de la dix-huitième édition du festival Le vent sur l’arbre, en commençant par le Cinquième Trio «Des esprits» (1808) de Beethoven. Une interprétation qui possède la force de l’évidence, portée par la finesse du piano de Vincent Coq – quel contraste avec Vanessa Benelli Mosell la veille! –, la perfection instrumentale des cordes n’étant pas en reste. Evidence sans routine, engagement sans exagération, romantisme tempéré par une manière de conférer une limpidité encore haydnienne à cette musique – tout respire une maîtrise impeccable, une aisance confondante, une vérité lumineuse.


La découverte des Trois Nocturnes (1924) d’Ernest Bloch (1880-1959) ne manque pas d’intérêt. Inspirées par un poème de Walt Whitman tiré des Feuilles d’herbe, ces courtes pièces font se succéder des styles et des atmosphères très différents: un Andante très debussyste, avec tous les sortilèges (un peu inquiétants) de la nuit, un Andante quieto comme une sérénade d’un généreux lyrisme, un Tempestoso très rythmé et agité, jusqu’à l’apaisement (ou bien est-ce l’épuisement?).


Directeur artistique du festival depuis 2007, Christian Rivet (né en 1964) présente la création que vont donner ses anciens camarades du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Courant d’étoiles s’inscrit dans un cycle commencé avec Cinq secondes d’Arc pour orchestre et Etoile Double pour ensemble. Cette nouvelle page, plus ramassée (moins de 10 minutes), entend «filmer la course d’une étoile au ralenti», au moyen d’«une sorte de blues joué au piano» figurant le «ciel étoilé parcouru de fulgurances des cordes». S’excusant par avance de la lenteur de sa musique, le compositeur souhaite non sans humour «bon courage!» aux auditeurs. Pourtant, ceux-ci n’ont guère dû être déstabilisés, avec, très schématiquement, un piano évoquant Messiaen, des cordes d’une concision webernienne et de nombreux silences – de Cage, forcément.


Les trois Trio avec piano de Schumann ne jouissent pas de la même popularité que la plupart de ses duos (avec piano) et quatuors (à cordes ou avec piano), sans parler du Quintette avec piano. Le Premier Trio (1847) décrit une évolution assez comparable à celle de la Deuxième Symphonie, celle de la victoire (provisoire) du jour sur la nuit de folie dans laquelle il allait sombrer définitivement sept ans plus tard. Car il n’y a pas grand-chose dans son œuvre d’aussi noir et désespéré que le premier mouvement («Avec énergie et passion»), tandis que le bouillonnement du deuxième («Vif, mais pas trop rapide») n’apporte aucun réconfort. Après un mouvement lent aussi fantomatique que les «Esprits» beethovéniens, il faut donc attendre le finale («Avec feu») pour une libération d’autant plus éclatante.


Avec le Trio Wanderer, tout semble décidément simple et naturel et, en réponse à l’accueil très chaleureux du public, les musiciens offrent le troisième mouvement du Deuxième Trio (1849) de Schumann et le dernier mouvement du Quatrième Trio «Dumky» (1891) de Dvorák.


Le site de Christian Rivet
Le site du Trio Wanderer



Simon Corley

 

 

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