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C’est le nord!

Montpellier
Le Corum (Opéra Berlioz)
07/23/2019 -  et 2 août 2019 (Guangzhou)
Mikhaïl Glinka: Rouslan et Ludmila: Ouverture
Serge Rachmaninov: Concerto pour piano n° 2, opus 18
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 10, opus 93

Jan Lisiecki (piano)
Australian Youth Orchestra, Krzysztof Urbanski (direction)


K. Urbanski (© Marco Borggreve)


Deux chiffres dans la brochure suffisent à prouver son importance : 150 concerts dans 70 lieux. Malgré une baisse des subventions, le Festival de Radio France Occitanie Montpellier, un des plus grands de l’Hexagone, demeure très présent dans la région, en proposant une offre conséquente de concerts dans une constellation de localités occitanes. Dirigé par Jean-Pierre Rousseau, qui entend conserver la qualité de la programmation, le festival reste fidèle à son ADN : découverte d’œuvres rares, promotion de jeunes talents, gratuité de nombreux concerts, tarifs modérés pour les autres, avec la volonté cette année d’inciter les personnes culturellement éloignées de la musique classique à tenter l’expérience. Le Corum, le grand complexe culturel de ville, constitue toujours le centre de gravité de ces manifestations, avec deux salles de belle taille, l’Opéra Berlioz et la salle Pasteur. Le public répond donc, une fois de plus, largement présent.


La trente-cinquième édition, du 10 au 26 juillet, met cette année l’accent sur la musique du nord de l’Europe, en particulier celle des rives de la Baltique. Neeme Järvi, par exemple, est venu le 11 juillet, avec l’Orchestre symphonique national d’Estonie, diriger une symphonie de Tubin, un compositeur qui mérite d’être mieux connu et joué plus souvent. A elle seule, l’affiche de ce concert témoigne de l’intérêt et de l’aura internationale de ce festival qui programme également du jazz et de la musique électronique, dans une démarche plurielle, en mêlant les genres, les époques, les nationalités et les générations.


Pour ce concert du 23 juillet, une formation provenant de l’hémisphère sud de la planète se produit à l’Opéra Berlioz. La moyenne d’âge ne doit pas être bien élevée, comme le dit, avec humour, Jean-Pierre Rousseau, dans sa prise de parole liminaire durant laquelle il remercie les organisations soutenant financièrement le festival. Et le chef qui conduit l’Orchestre des jeunes d’Australie, en tournée européenne et chinoise, dans trois œuvres de compositeurs russes compte parmi les étoiles montantes de la direction musicale, Krzysztof Urbanski.


Traditionnellement conçu, ce concert débute par l’Ouverture de Rouslan et Ludmila (1842) de Glinka. Bien mise en place et assez précise, l’exécution souffre d’une approche trop placide et précautionneuse, cette musique nécessitant davantage d’éclat et d’énergie pour produire de l’effet. Le soliste à l’affiche ce soir n’a pas encore atteint le quart de siècle, mais il s’impose déjà, depuis quelques années, parmi les pianistes les plus en vue de la jeune génération. Malgré des capacités considérables et une sonorité d’une grande pureté, Jan Lisiecki suscite une impression mitigée dans le Deuxième Concerto (1901) de Rachmaninov. Son interprétation, plutôt introspective, propre et raffinée, réserve de beaux moments de poésie mais elle repose sur une colonne vertébrale trop fragile, en dépit d’une certaine cohérence de conception. L’accompagnement lisse et peu stimulant de l’orchestre laisse penser à un temps de préparation et de répétition insuffisant pour examiner l’ouvrage dans ses moindres recoins expressifs et produire une sonorité nette et profonde. Les contrastes de dynamique manquent de diversité, tandis que les tempi, trop étales, provoquent de l’alanguissement et finalement l’ennui. Le pianiste d’origine polonaise conclut cette terne première partie avec le Prélude en ut dièse mineur de Rachmaninov.


L’orchestre et le chef se rattrapent-ils dans la Dixième Symphonie (1953) de Chostakovitch ? Partiellement. L’interprétation paraît mieux construite que celle du concerto, avec des climax plutôt réussis, comme dans l’Allegro et la conclusion, mais la dimension tragique et ironique de cette œuvre ambiguë ressort faiblement. Les épisodes lents et plus doux se révèlent peu audibles, et les explosions de violence manquent d’impact. La formation contient quelques belles individualités, surtout parmi les bois, remarquables de tenue, mais le dialogue entre les musiciens dans les parties solistes pourrait être plus soutenu. Les cuivres restent discrets, alors que cette partition leur offre l’occasion de se déchaîner, et les cordes, de qualité constante, sonnent trop anonymement. A moins que ce ne soit dû à l’acoustique de la salle ou à notre placement dans celle-ci, il nous semble que le chef ne parvient pas à parfaitement équilibrer la sonorité, les graves manquant de corps. L’orchestre, qui aura fait preuve de beaucoup de sérieux, séduit manifestement le public, qui lui réserve de chaleureux applaudissements, mais sa prestation demeure en deçà du potentiel expressif de cette symphonie.


Le site du Festival de Radio France Occitanie Montpellier
Le site de Krzysztof Urbanski
Le site de Jan Lisiecki
Le site de l’Orchestre des jeunes d’Australie



Sébastien Foucart

 

 

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