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L’histoire vivante

Paris
Palais Garnier
11/26/2001 -  et 27, 30 novembre, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 10, 11 décembre 2001

Hommage à Boris Kochno
Igor Stravinsky : Mavra
Olga Gouriakova (Parasha), Sofia Aksenova (La Voisine), Irina Tchistiakova (La Mère), Alexei Kosarev (Le Hussard)
Humbert Camerlo (mise en scène)
Serge Prokofiev : Le Fils prodigue
Benjamin Pech (Le Fils), Karin Averty (La Courtisane)
Georges Balanchine (chorégraphie)
Kurt Weill : Les Sept Péchés capitaux
Anne Sofie von Otter (Anna)
Laura Scozzi (chorégraphie)
Laurent Pelly (mise en scène)
Orchestre de l’Opéra National de Paris, Alexandre Polianichko (direction)



Les hommages ne sont pas toujours nostalgiques et compassés, ils peuvent faire place à l’humour, à la création et au plaisir de découvrir comment des moments et des rencontres essentiels ont façonné l’histoire, comme le prouve ce très beau spectacle.


Les trois œuvres de ce soir doivent leurs naissances aux talents de plume et de directeur artistique de Boris Kochno, et encore n’en représentent elles qu’un échantillon. Né à Moscou en 1904, le jeune Boris fait connaissance de Serge Diaghilev à l’âge de 17 ans et devient son secrétaire. Très vite il devient directeur artistique et travaille en étroite collaboration avec les compositeurs (Stravinsky, Prokofiev, Sauguet, Auric), les peintres (Picasso, Rouault, Ernst, etc) et les chorégraphes (Massine, Balanchine, Nijinska). Après la disparition de Diaghilev en 1929 et des Ballets Russes, il dirige les Ballets de la Cochran Revue, les Ballets Russes de Monte-Carlo, fonde, avec Balanchine, les éphémères Ballets 1933. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, il s’associe à Roland Petit pour fonder les Ballets des Champs-Elysées d’où naîtront, notamment, Les Forains et Le Jeune homme et la mort. La disparition de cette compagnie en 1951 le mettra sur la touche et il se consacrera à l’écriture et aux souvenirs (Le Ballet, 1964, Les Ballets Russes de Diaghilev, 1970). Il s’éteint en 1990. L’imposant et riche programme rappelle dans le détail l’itinéraire passionnant de «l’un des grands artisans de l’ombre du monde du ballet», comme le rappelle Hugues Gall dans la préface.


L’opéra-bouffe Mavra (1922) de Stravinsky, dont Boris Kochno a écrit le livret, ouvre brillamment la soirée avec une distribution russe parfaite et une charmante mise en scène de Humbert Camerlo faite d’une enfilade de pièces défilant au fur et à mesure du déroulement de l’action. L’humour triomphe délicieusement.


Vient ensuite le ballet Le Fils prodigue (1929) de Profiev, dont Boris Kochno a écrit l’argument, avec une chorégraphie de Balanchine, alors jeune talent prometteur des Ballets Russes. On retrouve déjà le style de celui qui créera plus tard le New York City Ballet : une danse très géométrique et anguleuse, mais avec, par rapport à ses créations d’après guerre que l’on peut trouver un peu froides, un surcroît de vitalité et un sens du rythme endiablé.


Pour les Les Sept Péchés capitaux (1933), Boris Kochno profite de la présence de Kurt Weill à Paris, après son départ d’Allemagne, pour lui suggérer l’idée et lui passer commande pour la compagnie qu’il dirige alors, les Ballets 1933. Genre hybride, «ballet avec chant» tel que l’indique le sous-titre, sa représentation appelle les talents conjugués d’un chorégraphe et d’un metteur en scène. Laura Scozzi et Laurent Pelly s’acquittent merveilleusement de leur mission et nous plongent, pour cette fable qui moque l’esprit petit bourgeois, dans un univers à la Deschiens (Anne Sofie von Otter, impayable dans sa robe à fleurs !) et exhibant des panneaux publicitaires de produits de grande consommation (avec les prix en euros, s’il vous plait !). C’est hilarant et plein d’esprit. Une véritable réussite. Le metteur en scène Laurent Pelly confirme ici tout son talent, déjà révélé par La Belle Hélène (reprise au Théâtre du Châtelet en décembre), Platée (à Garnier en février) et Orphée aux enfers à l’Opéra de Lyon.


Le choix de rendre hommage à une personnalité d’envergure ayant laissé son empreinte dans l’histoire de l’art peut permettre de renouveler la notion même de programmation, de donner des idées pour composer des programmes, pour revenir sur un moment de la création artistique, pour mettre en lumière la naissance des chefs d’œuvre et révéler ce qu’ils doivent aux circonstances. Ces trois œuvres n’auraient jamais été associées sans la référence à Boris Kochno, mais au final cette soirée se révèle captivante et cohérente. Puisse-t-elle encourager d’autres initiatives de ce genre !



Diffusion sur Arte et France Musiques le 2 janvier à 20h45





Philippe Herlin

 

 

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