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La cuvée des superlatifs Lausanne
Vevey (Arène)
07/18/2019 - et 16* (1re répétition générale), 17 (2e répétition générale), 19, 20, 21, 23, 25, 26, 27, 28, 30 juillet, 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11 août 2019
Maria Bonzanigo, Jérôme Berney, Valentin Villard : Fête des Vignerons 2019
Michel Voïta (Le Grand-Père), Nina Perrenoud, Nayah Kohli (La petite Julie), Jérôme Aké-Béda, Pascal Besnard, Christophe Monney (Les Trois Docteurs), Emi Vauthey (La Libellule), Sofia Gonzalez (La Messagère), Julien Bressoud, Ludovic Merian (Les Valets), Jean-Pierre Chollet (Le Cent-Suisse d’antan), Raoul Colliard (L’Armailli d’antan)
Gstaad Festival Orchestra (enregistrement bande sonore), Ernst van Tiel (direction musicale)
Stéphane Blok, Blaise Hoffmann (livret), Daniele Finzi Pasca (conception et mise en scène), Julie Hamelin Finzi (conceptrice associée), Hugo Gargiulo (concepteur de l’arène et décors), Giovanna Buzzi (costumes), Bryn Walters (chorégraphie), Martin Reich (sonorisation), Alexis Bowles (lumières), Roberto Vitalini (vidéos)
(© Jean-Claude Durgniat)
La Fête des Vignerons est l’événement phare de l’été 2019 en Suisse. La manifestation n’a lieu qu’une seule fois par génération, sur la place du Marché de Vevey, petite ville située sur les bords du lac Léman, à quelques kilomètres de Lausanne. C’est cette périodicité atypique qui lui donne son caractère original et unique. Organisée par la Confrérie des Vignerons, elle célèbre le travail de l’homme sur la vigne et la nature au fil des saisons et récompense les meilleurs vignerons-tâcherons. Elle est née en 1797, lorsqu’il fut décidé de faire de la cérémonie de récompense un événement public solennel, pour donner davantage d’éclat et de résonance à l’hommage rendu aux vignerons les plus méritants. Les éditions suivantes ont eu lieu en 1819, 1833, 1851, 1865, 1889, 1905, 1927, 1955, 1977 et 1999. La Fête 2019 est donc la douzième. Evénement national auquel la population est très attachée, la Fête des Vignerons est reconnue par l’UNESCO, qui l’a inscrite en 2016 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
20 000 spectateurs, 900 choristes, 240 instrumentistes, 5 500 acteurs et figurants – essentiellement des bénévoles – pour chacune des vingt représentations d’un spectacle total à 360 degrés. La cuvée 2019 est celle de tous les superlatifs. Il s’agit d’un spectacle hors norme et hors catégorie, mélange de cirque, de comédie musicale, de ballet et d’opéra. Sa conception et sa réalisation ont été confiées à l’artiste tessinois Daniele Finzi Pasca, un habitué de ce genre de réalisations pour avoir notamment réglé la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d’hiver de Turin et collaboré avec le Cirque du Soleil. On rappellera que c’est lui qui mettra en scène l’opéra Einstein on the Beach de Philip Glass à Genève en septembre, pour l’ouverture de la saison 2019-2020 du Grand Théâtre.
A Vevey, une arène éphémère de 30 mètres de haut, reposant sur des structures pesant 900 tonnes et pouvant contenir l’équivalent de toute la population de la ville a été érigée au bord du lac. Le spectacle, qui dure près de 3 heures sans entracte, souffre de longueurs et de temps morts. Néanmoins, c’est une incontestable réussite visuelle, une féerie de couleurs qui jaillit des magnifiques costumes des protagonistes et des vidéos suggestives projetées sur l’immense écran LED couvrant le plateau. Constitué d’une vingtaine de tableaux, il est réglé comme une horloge suisse serait-on tenté de dire, un véritable exploit vu le nombre de personnes sur scène. Plutôt qu’offrir une ligne narrative, la production privilégie l’évocation et la poésie, avec comme fil conducteur une petite fille qui pose des questions à son grand-père. Une jeune femme suspendue dans les airs, une libellule d’après le programme, mais qui a plutôt des allures de Fée Clochette, est l’autre figure récurrente de la représentation. Les liens avec la vigne et la nature ne sont pas toujours clairement compréhensibles, cependant le charme opère et on reste bluffé de bout en bout par la fluidité de l’enchaînement des tableaux et la coordination de la masse des figurants.
La musique de la plupart des scènes a été écrite par Maria Bonzanigo, une complice de longue date de Daniele Finzi Pasca, laquelle a été secondée par Jérôme Berney et Valentin Villard. Malgré les différences stylistiques, le tout s’harmonise parfaitement pour faire entendre une partition extrêmement variée, mêlant rythmes entraînants, lignes nostalgiques et mélancoliques, ambiance de guinguette, cancan et même samba. Le chœur intervient constamment durant tout le spectacle, mais malheureusement les textes chantés sont incompréhensibles, dommage pour les deux auteurs, Stéphane Blok et Blaise Hoffmann, dont le public ne peut apprécier le travail à sa juste valeur. Cependant, l’instant que tous les spectateurs attendent, le morceau emblématique de la Fête des Vignerons – le célèbre « Ranz des vaches » chanté en patois – est entonné en fin de représentation par onze chanteurs et joueurs de cor des Alpes. Rossini s’en est d’ailleurs inspiré pour l’Ouverture de son Guillaume Tell. L’émotion est alors à son comble dans l’arène de Vevey. Santé... et rendez-vous dans une vingtaine d’années pour la prochaine Fête des Vignerons !
Le site de la Fête des Vignerons 2019
Claudio Poloni
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