|
Back
Piano et canicule Paris
Eglise évangélique Saint-Marcel
06/26/2019 -
Claude Debussy : Préludes, Premier Livre (4. «Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir» & 11. «La Danse de Puck») et Second Livre (1. «Brouillards»), 3. «La Puerta del Vino», 8. «Ondine» & 12. «Feux d’artifice»)
Franz Schubert : Sonate pour piano n° 17 «Reliquie», D. 840
Ignacy Paderewski : Miscellanea, opus 16: 1. Légende, 2. Mélodie & 4. Nocturne
Frédéric Chopin : Rondo à la mazur, opus 5 – Barcarolle, opus 60 – Scherzo n° 2, opus 31
Dang Thai Son (piano)
Dang T. S.
Le pianiste vietnamien Dang Thai Son, dont les apparitions sont rares en France, vient de donner le dernier récital de la série «Les Nuits Oxygène» en l’église évangélique Saint-Marcel dans le Ve arrondissement.
En préambule, disons que les conditions pour retrouver ou découvrir ce pianiste à la carrière si singulière n’étaient pas optimales ce soir-là. Un public très nombreux s’était pressé en ce jour classé caniculaire dans le petit temple de culte évangéliste luthérien Saint-Marcel dans le quartier de Port-Royal, un lieu plutôt exigu dans lequel les qualités de confort sont assez réduites: chaises d’église très serrées, ventilation symbolique. France Musique avait largement relayé l’événement et il y a quelques semaines, l’émission hebdomadaire «Portraits de famille» de Philippe Cassard (que l’on peut réécouter via le podcast sur cette chaîne musicale) lui avait été entièrement consacré, motivant un public nombreux et en assez grande partie asiatique. Si l’acoustique du lieu est réputée – certains éditeurs phonographiques l’utilisent pour des enregistrements –, le piano Steinway fourni au célèbre interprète de Chopin avait souffert au moins de la chaleur de la journée, montrant une certaine réticence dans le mécanisme et délivrant des sons très durs et métalliques au-dessus du mezzo forte. La configuration n’était pas idéale, avec un piano centré, entouré de spectateurs de tous côtés.
En bref, il sera extrêmement délicat de rendre compte de ce récital d’un soir et c’est d’autant plus regrettable qu’il s’agit d’un excellent pianiste, élève du Conservatoire Tchaïkovski à Moscou, qui, depuis son spectaculaire Grand Prix Chopin à Varsovie en 1980, a mené une carrière internationale singulière et exemplaire tant sur le plan scénique que discographique.
Son programme comportait un choix de Préludes des deux Livres de Debussy, joués avec une musicalité sans cesse trahie par l’instrument. La sonate inachevée Reliquie de Schubert qui suivait permettait de mieux retrouver les qualités de phrasé et de sonorité tant que les nuances restaient dans le registre piano, sonnant donc aussi extrêmement mal dans ses épisodes forte.
Après un entracte pendant lequel les organisateurs avaient rafraîchi salutairement l’auditoire, on a pu retrouver les qualités de phrasé qui ont fait la réputation du pianiste avec trois pièces de Chopin bien choisies, dont l’étincelant Deuxième Scherzo, et découvrir des pièces de l’Opus 16 de Paderewski, son disciple, pièces que Dang Thai Son a enregistrées dans la collection de la Fondation Bru Zane de Venise.
Il fait saluer l’audace de cette programmation «Les Nuits Oxygène» conçue par Pierre-Yves Lascar car tout au long de l’année, cet organisateur indépendant a réussi à construire une vraie série proposant aux Parisiens des découvertes de taille comme celles des pianistes Alexei Lubimov, Severin von Eckardstein et Benedek Horváth, et qui culminait sur ce concert qui aurait pu être plus événementiel.
Le site de D. T. Son
Le site de la série «Les Nuits Oxygène»
Olivier Brunel
|
