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Presque exceptionnel

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/21/2001 -  et 23*, 26, 28, 30 novembre 2001
Igor Stravinsky : The Rake’s Progress
Gregory Reinhart (Trulove), Dorothee Jansen (Anne Trulove), Thomas Randle (Tom Rakewell), David Pittsinger (Nick Shadow), Gwendolyn Killebrew (Mother Goose), Natasha Petrinsky (Baba la Turque), Peter Hoare (Sellem, le Gardien de l’asile)
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées, Orchestre National de France, Jonathan Darlington (direction)
André Engel (mise en scène)


Ne serait la direction molle, sans allant ni contrastes de Jonathan Darlington, on pourrait parler d’une exceptionnelle soirée d’opéra. Cette production du Rake’s Progress de l’Opéra de Lausanne a déjà été mainte fois applaudie et cette première présentation à Paris réunit pour l’occasion une superbe distribution. Après ses débuts dans ce théâtre dans L’Argia de Cesti en 1999, la soprano Dorothee Jansen soulève l’enthousiasme du public par la beauté de son timbre et la souplesse jamais prise en défaut de sa voix. Après la troupe de l’Opéra de Cologne puis des engagements sur de grandes scènes européennes, elle travaille depuis 1999 de façon indépendante avec le pianiste et compositeur Francis Gier, espérons que leur chemin repassera par Paris. Thomas Randle peut manquer d’un peu de punch dans le rôle de Tom Rakewell, mais ce ténor possède un sens des nuances et une endurance enviables. Aucune faiblesse par contre ne vient troubler l’incarnation du maléfique Nick Shadow de David Pittsinger dont les derniers instants, à l’acte III, glacent le sang. Les seconds rôles sont parfaitement accordés à ce très bon trio, et l’on retiendra le nom de la mezzo Natascha Petrinsky, très convaincante Baba la Turque.


On aime beaucoup André Engel : voici quelqu’un qui résiste à l’impérialisme grandissant du «décor unique», l’approche conceptuelle de la mise en scène actuelle (réductrice par définition, donc s’accommodant facilement d’un seul décor) et les contraintes économiques trouvant un bienheureux terrain d’entente dans cette simplification parfois outrancière, souvent décevante. Même dans un théâtre d’alternance comme l’Opéra de Paris, où le décor unique doit figurer comme clause secrète des contrats de mise en scène, André Engel (dans K... de Manoury, l’année dernière) a permis à l’œil du mélomane de goûter une richesse visuelle de plus en plus comptée. Flanqué de son complice de toujours, le décorateur Nicky Rieti, il déploie sous nos yeux le jardin, la maison close, l’appartement de Tom, l’asile du livret. Ce n’est pas une fin en soi, bien sûr, mais plutôt un point de départ, ensuite le théâtre, la part du rêve et de l’imaginaire prennent leurs places, comme ce choix très judicieux de situer l’action dans l’Amérique des années 50, c’est à dire le pays de Stravinsky à l’époque de la création de l’ouvrage (1951), ou le côté doucement irréel et très poignant du duo final entre Tom Rakewell et Anne Trulove sur l’herbe grasse dans un cadre hors du temps et hors de l’espace. Un superbe réussite pour ce metteur en scène que l’on aura le plaisir de retrouver l’année prochaine dans ce même lieu avec La Petite Renarde rusée de Janacek, mais malheureusement dirigée par le même chef.





Philippe Herlin

 

 

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