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Barbican Hall
05/05/2019 -  
John Adams: Harmonielehre
Hector Berlioz: Symphonie fantastique, opus 14

London Symphony Orchestra, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Oliver Helbig)


Il est tentant de faire des comparaisons entre les deux œuvres de ce programme. Ce sont pour chacun des compositeurs des pièces où ceux-ci arrivent à une certaine maturité et produisent une œuvre iconique tout en étant des points de départ dans leur parcours artistiques respectifs. Ce sont des morceaux de référence dans la subtilité de leurs orchestrations et dans leurs innovations. Ce sont des chefs-d’œuvre absolus. Ce sont enfin deux compositeurs que Sir Simon Rattle a défendus avec passion depuis longtemps.


Harmonielehre est une œuvre ambitieuse par sa taille. John Adams y démontre la capacité de dépasser le seul style minimaliste et de savoir l’appliquer dans des pièces architecturées. Les références à Schoenberg et Wagner ne sont pas limitées au choix des titres des mouvements et de la pièce. La longueur des lignes musicales n’est pas sans évoquer ces compositeurs. La qualité de l’écriture des cordes, particulièrement subtile, signe la marque d’un orchestrateur qui connaît Mahler et l’accelerando saisissant à la fin du premier mouvement rappelle celui de la Cinquième Symphonie de Sibelius. Adams démontre ici une capacité à transcender dans un style qui lui est propre, ses expériences de la musique minimaliste et des styles de la tradition européenne. C’est une des partitions les plus fondamentales de la musique de notre temps.


Sir Simon Rattle est un des très grands interprètes de cette musique. Il apporte bien évidemment une qualité de mise en place exemplaire mais aussi un soin aux équilibres et aux développements thématiques. Sans doute faut-il y voir la marque de son passage à Berlin mais les musiciens du LSO trouvent des couleurs aux cordes et une précision qu’on ne leur connaissait pas lors des saisons passées. Le développement du premier mouvement a beaucoup d’amplitude. Les interventions de la trompette solo dans le deuxième mouvement (« Amfortas Wound ») sont d’une grande plénitude et c’est un plaisir de voir à ce moment les regards appréciatifs des musiciens entre eux. Le dernier mouvement (« Meister Eckhart and Quackie ») est d’une électricité communicative, les transitions entre les parties et le soin à faire ressortir l’architecture étant particulièrement convaincants.


Après un tel effort dans la première partie, les musiciens attendent un moment avant de retrouver le même niveau dans la Symphonie fantastique. Il y a quelques tutti dans « Rêveries. Passions » qui ne sont pas très clairs et les violons sont un peu plus durs que dans l’œuvre d’Adams. Mais Un bal est équilibré et le phrasé des violoncelles dans la « Scène aux champs » de toute beauté. C’est surtout dans les deux derniers mouvements que Rattle dynamise à nouveau ses musiciens. Ses tempi sont animés et il se dégage un réel sentiment de « danger ». Enfin, nous sommes en Angleterre et le public très concentré permet que ces deux mouvements soient enchaînés dans un silence plein de respect.


John Adams nous avait consacré en 2016 une heure entière d’un entretien passionnant. Les mélomanes qui le connaissent ont très probablement chez eux le coffret réalisé par l’Orchestre philharmonique de Berlin lorsqu’il était son compositeur en résidence, qui permet entre autres d d’entendre cet Harmonielehre sous la baguette très sûre du compositeur. Et de façon plus générale, tous pourront profiter de la captation de cette soirée sur la chaîne YouTube du LSO.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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