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Schreker, enfin !

Frankfurt
Oper
03/31/2019 -  et 6, 13, 19*, 26, 28 avril, 4, 11 mai 2019
Franz Schreker: Der ferne Klang
Jennifer Holloway (Grete), Ian Koziara (Fritz), Magnús Baldvinsson (Graumann, Second choriste), Barbara Zechmeister (Mme Graumann), Dietrich Volle (Dr. Vigelius), Iain MacNeil (Le baron), Theo Lebow (Le chevalier, Premier choriste), Anthony Robin Schneider (Le propriétaire du Cygne), Gordon Bintner (Le comte), Sebastian Geyer (Rudolf), Iurii Samoilov (Un comédien), Nadine Secunde (Une vieille femme), Kelsey Lauritano (Une Espagnole), Anatolii Suprun (Un policier, Un serviteur), Julia Dawson (Mizi), Bianca Andrew (Milli), Julia Moorman (Mary), Hans-Jürgen Lazar (Un individu suspect)
Chor der Oper Frankfurt, Tilman Michael (chef de chœur), Frankfurter Opern- und Museumsorchester, Sebastian Weigle*/Florian Erdl (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (scénographie), Klaus Bruns (costumes), Roland Horvath, Carmen Zimmermann (vidéo), Alessandro Carletti (lumières), Norbert Abels (dramaturgie)


(© Barbara Aumüller)


Dédiée à la mémoire du regretté Michael Gielen (1927-2019), ancien directeur de l’Opéra de Francfort (1977-1987), la nouvelle production du Son lointain est l’une des plus belle réussite vues dans cette grande maison ces dernières années, longuement applaudie par un public enthousiaste en fin de représentation. On est pourtant surpris dès le lever de rideau par la scénographie minimaliste assez cheap, entourée de simples rideaux aux couleurs blafardes et verdâtres. Peu à peu, ces rideaux viennent former des espaces distincts en un ballet intrigant, qui réduit et agrandit la scène pour dévoiler des saynètes en arrière-plan de l’action principale. C’est là l’une des grandes forces de ce spectacle que de donner patiemment au spectateur les clés de compréhension des partis pris de sa transposition – Grete et Fritz revivant tous deux les événements de leur amour raté au soir de leur vie, chacun dans leur maison de retraite. Autour d’une attention remarquable aux détails de chaque mouvement, l’action est soutenue par une vibrante direction d’acteur, particulièrement réussie au II avec les scènes de cabaret. La toute dernière scène, superbe, permet aussi de conclure l’ouvrage sur une fine poésie, lorsque les instruments «venus du ciel» restent suspendus comme autant de témoins des actes irréparables de Fritz.


On est heureux d’entendre à nouveau, après Strasbourg en 2009 et la production de Stéphane Braunschweig, les trésors d’imagination de l’orchestration de Franz Schreker (1878-1934) que fouillent avec bonheur Sebastian Weigle et son excellent Orchestre de l’Opéra de Francfort. Les tempi s’étirent pour tourner l’ouvrage vers l’impressionnisme musical, mettant en valeur une variété de couleurs digne de Rimski-Korsakov, le tout en une texture allégée et transparente. On regrettera seulement que les parties plus expressionnistes soient moins mises en valeur ici, Weigle préférant l’expression voluptueuse aux essences capiteuses.


Quoi qu’il en soit, cet écrin raffiné met en valeur le plateau vocal, d’un niveau superlatif jusqu’au moindre second rôle – excepté la voix en lambeaux de Nadine Secunde dans son petit rôle de vieille femme. Ainsi de la touchante Grete de Jennifer Holloway, aux phrasés tour à tour ductiles et caractérisés, à qui il ne manque qu’une touche de puissance dans les graves pour convaincre plus encore. Ian Koziara incarne un Fritz tout aussi impérial dramatiquement, à la voix profonde et bien projetée. Seul le timbre dans l’aigu apparaît moins charmeur. Parmi les deux chanteurs mis en avant au II, on préférera la noble éloquence du Comte de Gordon Bintner (Le comte) au chant plus banal de Theo Lebow (Le chevalier). Enfin, le Chœur de l’Opéra de Francfort affiche une belle présence, très précise dans la cohésion d’ensemble, comme à son habitude.



Florent Coudeyrat

 

 

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