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Grande soirée musicale

Milano
Teatro alla Scala
02/27/2019 -  et 3, 6, 13, 19, 24, 29* mars 2019
Modeste Moussorgski: La Khovantchina
Mikhail Petrenko*/Vladimir Vaneev (Ivan Khovanski), Sergey Skorokhodov (Andrei Khovanski), Evgeny Akimov (Vassily Golitsine), Alexey Markov (Chakloviti), Stanislav Trofimov (Dosifei), Ekaterina Semenchuk (Marfa), Irina Vashchenko (Susanna), Maxim Paster (Le Clerc), Evgenia Muraveva (Emma), Maharram Huseynov (Le Pasteur), Lasha Sesitashvili (Varsonofiev), Sergej Ababkin (Strechniev), Eugenio Di Lieto (Premier strelets), Giorgi Lomiseli (Second strelets), Chuan Wang (Homme de confiance du Prince Golitsine)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Valery Gergiev (direction musicale)
Mario Martone (mise en scène), Lorenza Cantini (assistante à la mise en scène), Margherita Palli (décors), Ursula Patzak (costumes), Pasquale Mari (lumières), Umberto Saraceni pour Italvideo Service (vidéos), Daniela Schiavone (chorégraphie)


(© Brescia/Amisano - Teatro alla Scala)


La Khovantchina n’avait plus été proposée à Milan depuis 1998. A l’époque, Valery Gergiev était déjà au pupitre, dans un spectacle tout droit venu de Saint-Pétersbourg, la première production du Festival des Nuits blanches présentée à l’étranger. Pour sa nouvelle réalisation du chef-d’œuvre posthume de Modeste Moussorgski, la Scala a de nouveau fait appel au célèbre chef russe, mais en confiant cette fois la partie scénique à Mario Martone. Dans le programme de salle, l’homme de théâtre italien se lance dans une démonstration absconse pour expliquer sa conception de l’ouvrage, qui se veut en quelque sorte une mise en abîme, projetant l’opéra dans le futur, futur par rapport à l’intrigue, par rapport à Moussorgski et par rapport au public d’aujourd’hui, un futur incertain portant en germe nombre de conflits potentiels. Le metteur en scène cherche à montrer que nous nous trouvons actuellement face à des changements tout aussi cruciaux que ceux qui sont survenus en Russie à l’époque de Pierre le Grand, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, tels que relatés dans La Khovantchina. Clairement, l’aspect social et politique est privilégié ici, au détriment du contexte historique. Mais le résultat n’est guère convaincant, Mario Martone passant d’un tableau à l’autre sans unité ni cohérence. Ainsi, au premier acte, les décors tristes et sombres de Margherita Palli évoquent un champ de pétrole entouré de cheminées géantes et de miradors, dans lequel s’activent des ouvriers habillés de gris. Au deuxième acte, le palais du Prince Golitsine est une modeste bâtisse dans une clairière dénudée et exposée au froid. Au début du quatrième acte, le Prince Khovanski délaisse ses esclaves persanes pour se tourner vers des prostituées, avant d’être tué par une balle dans la tête. Seul le dernier tableau rend justice à la magnificence de l’ouvrage, avec en arrière-plan la vidéo d’une planète qui se transforme en gigantesque boule de feu, le monde étant finalement réduit en cendres.


Heureusement, la partie musicale et vocale rachète l’incohérence scénique. L’Orchestre de la Scala est sublimé par la direction incandescente de Valery Gergiev, qui utilise la révision de Pavel Lamm orchestrée par Dmitri Chostakovitch, avec une scène finale remaniée par lui-même. Le chef confère homogénéité et sens dramatique à cette partition hétéroclite et lui donne une dimension tragique et épique, rendant parfaitement justice à cette immense fresque. Le Chœur de la Scala livre une prestation qui force l’admiration, où la cohérence le dispute à la précision et aux nuances. La distribution est composée essentiellement de chanteurs russes, épaulés, dans les rôles secondaires, par de jeunes interprètes de l’Académie de la Scala. S’il n’a pas encore l’âge de son personnage, Mikhail Petrenko est néanmoins convaincant en Ivan Khovanski inconstant et rongé par le vice, servi par un timbre expressif et puissant. En Marfa, Ekaterina Semenchuk séduit tout autant par ses graves corsés que ses aigus précis, sans parler de sa forte présence scénique, composant un personnage vibrant et intense. On mentionnera également l’excellent Dosifei de Stanislav Trofimov, habité et autoritaire. Le Prince Khovanski de Sergey Skorokhodov est racé, alors qu’Evgeny Akimov fait de Golitsine un potentat arrogant et sournois. On retiendra aussi la belle prestation de Maxim Paster en clerc. Les seconds rôles s’acquittent tous parfaitement de leur tâche, contribuant à rendre cette soirée mémorable du point de vue musical.



Claudio Poloni

 

 

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