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Le grand Cavanna est de retour

Paris
Gennevilliers (Théâtre T2G)
03/12/2019 -  
Tomás Bordalejo : Neuf Solos pour violon(s) et ensemble à cordes (*)
Bernard Cavanna : Concerto pour violon n° 1 (version de chambre) – Concerto pour violon n° 2 «Scordatura» (création)

Noëmi Schindler (violon)
Jeunes solistes et ensemble à cordes du Conservatoire (*), Michel Pozmanter (*) (direction) (*), Orchestre de Picardie, Arie van Beek (direction)


A. van Beek, N. Schindler, B. Cavanna


Bernard Cavanna (né en 1951) est dans son fief à Gennevilliers où il dirige l’Ecole nationale de musique depuis 1987. Une fidélité payée de retour par un public captivé et littéralement sous le charme: devant l’ovation qui accueille la création du Deuxième Concerto pour violon «Scordatura», les musiciens ont dû bisser le final.


Auparavant ont été donnés les Neuf Solos pour violon(s) et ensemble à cordes de Tomás Bordalejo (né en 1983), commande du Conservatoire de Gennevilliers où le compositeur argentin enseigne la guitare. L’occasion d’apprécier le travail réalisé par les étudiants (débutants et confirmés) que conduit le diligent Michel Pozmanter. Autant de miniatures dont la fragilité d’exécution et la ferveur collective préludent bien à l’univers singulier du compositeur de la Gennevilliers Symphonie (2003).


Salué par la presse et le public comme l’un des grands concertos de notre temps après sa création lors du festival Présences 1999, le Premier Concerto pour violon n’a rien perdu de son impact, même dans sa version chambriste. Certes, les rapports conflictuels qui opposent l’un au multiple s’en trouvent légèrement attiédis, mais le Second mouvement («lent, immuable») fonctionne à merveille en vertu du liant savoureux qu’opère entre les pupitres l’accordéon de Vincent Lhermet. Noëmi Schindler, sa dédicataire, en maîtrise chaque mesure. Mieux: faisant corps avec son instrument, elle nous livre une interprétation d’une urgence ignée, comme si la partition, l’encre à peine sèche, venait d’être écrite.


Des qualités auxquelles font chorus le chef Arie van Beek et l’Orchestre de Picardie qu’on retrouve en grande formation pour la création de Scordatura: «Tout le premier mouvement de ce concerto repose sur la quête de l’accord initial : la recherche du sol-ré-la-mi, ces si caractéristiques sons du violon que l’on entend avant chaque concert lorsque l’orchestre s’accorde», précise le compositeur non sans faire allusion au Concerto «A la mémoire d’un ange» de Berg. Equipée de quatre instruments différents incluant un violino, Noëmi Schindler évolue avec une facilité déconcertante dans la toile orchestrale tissée par Cavanna: voici un bout de la Marche de Radetzky (dont le Requiem de Henze et la Musique pour les soupers du roi Ubu de Zimmermann avaient déjà exploité le potentiel ironique), l’intervention disruptive d’une cornemuse, une boîte à musique, les raclements de la mâchoire d’âne auxquels s’opposent les sonorités cristallines de la mandoline.


Si A l’agité du bocal (2013) – flirtant avec l’un des textes les moins fréquentables de Céline – nous avait laissés circonspect, le Deuxième Concerto pour violon renoue avec les grandes réussites de Bernard Cavanna. Puisse-t-il trouver rapidement sa place au disque.



Jérémie Bigorie

 

 

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