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Le retour du grand maitre

Geneva
Victoria Hall
03/04/2019 -  
Ludwig van Beethoven: Sonates pour piano n° 30, opus 109, n° 31, opus 110, et n° 32, opus 111
Maurizio Pollini (piano)


M. Pollini (© Mathias Bothor /DG)


Ma génération a appris à connaître les trois dernières Sonates de Beethoven lorsque Maurizio Pollini a gravé en 1975 les Opus 109 et 110 et les a régulièrement programmés dans ses nombreux concerts. A cette époque, le pianiste italien était plus connu pour ses lectures apolliniennes de Chopin et sa technique infaillible. Il a cependant plus marqué les œuvres de Beethoven en sachant mélanger rigueur rythmique, qualité du cantabile et soin de l’architecture. Son Beethoven est résolument moderne, sévère et d’une grandeur réelle.


Comme le faisait un Artur Schnabel, Pollini a toujours tenu à respecter les tempi vifs du compositeur. On retrouve dans sa conception de ce triptyque une urgence et une fièvre qui rappelle ce que Petrenko avait demandé à ses musiciens dans la Missa solemnis en les amenant régulièrement au bord de la rupture, comme si Beethoven avait une fièvre et un besoin quasi maladif de faire sortir tant d’intensité et de variété dans ces derniers opus.


Avec les années cependant, la technique de Pollini s’est émoussée et il faut du temps pour que l’on retrouve le maître d’antan. Les mélomanes qui l’ont suivi savent qu’il lui faut toujours un bon moment avant qu’il ne se détende et cette soirée ne fait pas exception. Le début de la Sonate opus 109 comporte étonnamment de trop nombreux accrocs alors que le texte n’est pas en soi si difficile. La Sonate opus 110 lui permet de progressivement retrouver la maîtrise de ses moyens. En seconde partie, la Sonate opus 111 est du « pur Pollini » : grandeur de ligne, modernité de la lecture. La technique pianistique ne se résume pas à de la simple vélocité que Pollini ne maîtriserait plus comme avant. Elle comporte surtout des qualités comme une dynamique large avec des superbes fortes d’une grande brillance, un jeu d’octaves remarquable et une capacité à tenir de longues lignes cantabile avec des nuances piano et pianissimo. Tous ces éléments sont idéalement nécessaires à cet Opus 111. Plus à son aise, on sent le pianiste se relaxer enfin, se concentrer sur la musique, ressentir et exprimer profondeur et émotion.


Très applaudi, Pollini remercie le public genevois devant qui il ne s’était pas produit depuis si longtemps avec deux des Bagatelles opus 126 qui sont ses bis beethovéniens de prédilection.


Nous entrons dans la période de l’année où les programmes de la saison prochaine commencent à être dévoilés. C’est le cas pour les concerts des « Grands Interprètes » de l’agence Caecilia. Beethoven y sera fortement représenté. Evgeny Kissin lui consacrera tout une soirée, Denis Matsuev redonnera cet Opus 111, Sir András Schiff l’Opus 26 et la Waldstein et les derniers Quatuors seront donnés par les Quatuors Hagen, Tákacs et Prazák. Zubin Mehta devrait revenir diriger l’Orchestre philharmonique de Vienne mais le « coup » de cette saison future devrait être la venue à Genève de l’Orchestre du Concertgebouw, qui ne s’est pas produit depuis plus de dix ans ici dans rien moins que la Neuvième Symphonie de Mahler sous la direction de Myung-Whun Chung.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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