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Bonnes surprises

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
02/22/2019 -  et 24* février 2019
Alfred Schnittke: Ritual. A la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale (pour le quarantième anniversaire de la libération de Belgrade)
Ludwig van Beethoven: Triple Concerto, opus 56 – Coriolan, opus 62
Dmitri Chostakovitch: Symphonie n° 9, opus 70

Saleem Ashkar (piano), Stephan Waarts (violon), Andrei Ionită (violoncelle)
Belgian National Orchestra, Constantinos Carydis (direction)


C. Carydis (© Thomas Brill)


A l’origine, Martin Helmchen et Marie-Elisabeth Hecker devaient interpréter le Triple Concerto (1803-1804) de Beethoven avec Stephan Waarts mais le couple a dû renoncer à son engagement. Leur remplacement par Saleem Ashkar et Andrei Ionită ne suscite finalement aucun regret, mais il s’en est fallu de peu que le violoniste ne renonce à son tour à se produire. En effet, le voici, s’aidant de béquilles, qui entre en scène avec une attelle à une de ses jambes. Malgré cette mésaventure, sa prestation se révèle d’une grande finesse et techniquement très propre.


Une véritable complicité unit les trois solistes, tous inspirés et maîtres de leurs moyens. Chacun illustre ses capacités tout en dialoguant avec ses partenaires dans un esprit de musique de chambre, et ceci en osmose avec les membres de l’orchestre – le violoniste joue même à l’unisson avec les cordes durant l’introduction. Si le pianiste livre des interventions claires et éloquentes, celui qui attire le plus l’attention est Andrei Ionită, formidable d’inventivité et de souplesse, sa sonorité se combinant harmonieusement avec celle de ses partenaires. L’attention ne se relâche pas à leur écoute et il convient de saluer la qualité de l’accompagnement assuré par Constantinos Carydis, attentif et scrupuleux. Le public applaudit chaleureusement cette exécution équilibrée, limpide et dont l’écoute mutuelle et le plaisir de jouer ensemble constituent les principaux atouts.


La première partie débute avec Rituel (1984-1985) d’Alfred Schnittke (1934-1998). A la suite de l’exécution de cette pièce courte mais saisissante à la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale, Constantinos Carydis observe une minute de silence. Le choix de cette entrée en matière permet de rappeler l’importance de ce compositeur, malheureusement trop peu joué en Belgique, et probablement aussi dans les pays limitrophes, vingt ans après sa disparition, alors que son catalogue comporte de nombreuses œuvres vraiment dignes d’intérêt. Quel orchestre belge aura le courage de programmer une de ses symphonies ou un de ses concertos ? En tout cas, la formation nationale évolue dans cette musique sophistiquée avec une certaine aisance.


La seconde partie commence avec une ouverture, celle de Coriolan (1807) de Beethoven. Le chef l’aborde avec de prestes tempi, sans toutefois le moindre déséquilibre, et attaque directement la Neuvième Symphonie (1945) de Chostakovitch. Sans doute surpris par cet enchaînement, le public ne peut toutefois s’empêcher d’applaudir après le premier mouvement et même après le deuxième, ce qui est plus fâcheux. Cette interprétation très vivante tient constamment en haleine et captive de bout en bout, par la netteté de ses contrastes, la clarté de sa mise en place et la justesse de ses climats. L’orchestre délivre un jeu tantôt coruscant, comme dans l’Allegro, tantôt élégiaque, voire sombre, restituant ainsi l’esprit de cette œuvre ambiguë et dans laquelle sourd une terrible menace – superbes jeux de sonorités des cordes. Les différents pupitres, à ce propos, rivalisent de virtuosité, surtout les bois, dont un basson solo extraordinaire dans le Largo. Constantinos Carydis, chef aux idées claires et bien arrêtées, façonne ainsi cette très attachante symphonie dans ces moindres détails, les séances de répétition ayant dû être approfondies pour aboutir à un résultat à ce point abouti. Nous nous rendions à ce concert avec un enthousiasme modéré. Nous en sommes ressortis comblés, grâce à un orchestre au point, des solistes excellents et un chef épatant.



Sébastien Foucart

 

 

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