About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Pente raide

Paris
Théâtre national de Chaillot
01/31/2019 -  et 1er, 2 février 2019
Skid
Damien Jalet (chorégraphie), Christian Fennesz, Marihiko Hara (musique)
GöteborgsOperans Danskompani
Jim Hodges, Carlos Marques da Cruz (scénographie), Jean-Paul Lespagnard (costumes), Joakim Brink (lumières), Aimilios Arapoglou (assistant à la chorégraphie et danseur invité)


(© Mats Backer)


Le chorégraphe franco-belge Damien Jalet a t-il pensé à Gide et à son fameux «Il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant» des Faux-Monnayeurs ou encore à Camus et à son mythe de Sisyphe pour élaborer Skid, cet étonnant spectacle de 45 minutes pour la compagnie suédoise GöteborgsOperans Danskompani? Il semble que ses références soient ailleurs: le rituel japonais Onbashira, lors duquel des hommes chevauchent d’énormes troncs d’arbres pour les faire glisser sur le flanc de la montagne. D’où la superbe pente blanche de 10 mètres carrés inclinée à 34 degrés qui sert de décor à Skid («Dérapage») et sur laquelle évoluent dangereusement les dix-sept danseurs de cette magnifique compagnie suédoise que l’on découvre dans les conditions les plus périlleuses. S’il fallait s’en rendre compte par soi-même, on avait disposé en différents lieux de l’immense Palais de Chaillot de petits tremplins présentant la même inclinaison, sur lesquels les spectateurs pouvaient éprouver eux-mêmes la force gravitationnelle de la plateforme scénique, magnifique travail des plasticiens new-yorkais Jim Hodges et Carlos Marques da Cruz.


Le spectacle – on n’ose parler de chorégraphie quoique la performance physique des danseurs en tienne lieu – montre trois exploitations de la pente. Dans un premier temps, ils la descendent à leurs risques et périls, l’apprivoisent peu à peu, réussissent à le faire en des très beaux mouvements individuels et de groupe. Les éclairages de Joakim Brink permettent même de stupéfiants jeux d’ombre. Puis ce sont des remonteurs qui se mesurent à la pente. Là encore, on peine mais on arrive à créer de remarquables mouvements. La pièce s’achève par l’emprisonnement d’un danseur dans une toile dont il arrive, à force de contorsions inhumaines, à se libérer. La musique électronique de Christian Fennesz est inutilement anxiogène, le spectacle gagnerait au silence.


Une fascinante expérience de plus à ajouter à la panoplie de Damien Jalet, décidément le plus original des chorégraphes formé à l’école des grands Flamands Platel et Vandekeybus, mais qui trace aujourd’hui dans le paysage mondial un sillon tout à fait singulier.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com