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Soli Deo Gloria Paris
Eglise Saint Roch
01/22/2019 - et 25 janvier 2019 (Lyon)
Johann Sebastian Bach : Cantates «O ewiges Feuer, O Ursprung der Liebe», BWV 34, «Also hat Gott die Welt geliebt», BWV 68, et «Lobet Gott in seinen Reichen» (Himmelfahrtsoratorium), BWV 11
Dorothee Mields (soprano), Alex Potter (alto), Thomas Hobbs (ténor), Peter Kooij (basse)
Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction)
D. Mields (© Harald Hoffmann)
Outre le rituel des vœux et de la galette des rois, chaque mois de janvier offre aux mélomanes parisiens un véritable passage obligé (en tout cas, pour qui aime ce répertoire): se rendre en l’église Saint-Roch pour aller écouter Philippe Herreweghe et les siens jouer Bach! Plaisir sans cesse renouvelé au fil des années (voir ici, ici, ici, ici, ici et ici), le chef flamand nous aura ce soir particulièrement enthousiasmé grâce à une équipe d’amis fidèles que l’on a plaisir à revoir et reconnaître et qui, cela va sans dire, sait depuis longtemps comment interpréter au mieux cette musique.
D’emblée, la Cantate BWV 34 nous plonge dans une richesse orchestrale que viennent illustrer les trois trompettes et les timbales requises, le chœur introductif «O ewiges Feuer, O Ursprung der Liebe» («O feu éternel, ô principe de l’amour») proclamant à cette occasion toute la réjouissance attendue. Pour le reste, l’atmosphère champêtre de l’air «Wohl euch, ihr auserwählten Seelen» confié à l’alto (superbe opposition en même temps que dialogue entre les deux traversi et les violons) et le chœur conclusif, extrêmement bien enlevé, achevèrent une interprétation des plus convaincantes.
La Cantate BWV 68 nous emmena sur une plus haute marche encore. Orchestre moins luxuriant, les trompettes, timbales et flûtes laissant cette fois-ci la place à l’arrivée d’un oboe da caccia; le résultat n’en fut pas moins splendide. Commençons à cet égard par l’air magnifique «Mein gläubiges Herze», idéalement chanté par Dorothee Mields, accompagnée par le violoncelle toujours aussi véloce et musical de la fidèle Ageet Zweistra air extrêmement connu, il révéla à qui l’ignorerait tout le génie de Bach qui, en faisant seulement appel à une voix, un instrument soliste et une basse continue (contrebasse et orgue), quelques instruments intervenant vers la fin pour une conclusion uniquement instrumentale, réussit à composer un petit chef-d’œuvre de cinq minutes. Peter Kooij a du métier et, même si la voix a perdu un peu de sa netteté avec le temps, il délivre toujours son discours avec une justesse dans l’émotion qu’il importe de souligner. Ce fut encore une fois le cas avec l’air «Du bist geboren mir zugute», accompagné des seuls hautbois, du hautbois de chasse et du basson.
La Cantate BWV 11 (plus connue sous le nom d’Oratorio de l’Ascension) occupait à elle seule la seconde partie du concert. Bénéficiant du retour des trompettes, flûtes et timbales, Philippe Herreweghe en donna une interprétation beaucoup plus libre et souple que ce qu’on a parfois pu entendre par le passé, guidée par une gestique toujours aussi économe, les bras du chef semblant parfois néanmoins pris d’un tressaillement propre à galvaniser les seize chanteurs et l’orchestre. Le chœur de gloire «Lobet Gott in seinen Reichen» fut superbe. Mais le meilleur fut sans aucun doute l’interprétation idéale qu’Alex Potter donna de l’air «Ach, bleibe doch», célèbre, lancé de façon imperceptible par la basse continue. Après une succession assez rare de récitatifs (trois confiés successivement à la basse, à l’alto et au ténor), Dorothee Mields put de nouveau briller grâce à l’air «Jesu, deine Gnadenblicke», où s’illustrèrent les deux flûtes et le hautbois solo de Marcel Ponseele.
Fortement applaudis, les artistes de la soirée donnèrent en bis le chœur ouvrant la Cantate BWV 48 «Ich elender Mensch, wer wird mich erlösen», présenté par Philippe Herreweghe comme l’un de ses chœurs préférés: à l’entendre, on pouvait le comprendre...
Le site d’Alex Potter
Le site de Thomas Hobbs
Le site de Peter Kooij
Le site du Collegium Vocale de Gand
Sébastien Gauthier
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