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... raconte-moi une histoire...

Geneva
Victoria Hall
01/23/2019 -  et 26 (Zürich), 27 (Luzern) janvier 2019
Igor Stravinsky: Feu d’artifice, opus 4 – L’Oiseau de feu (version 1919)
Tan Dun: Adieu ma concubine
Ren Tonxiang: Cent oiseaux volent vers le phénix

Wenqing Lian (soprano de l’Opéra de Pékin), Wenwen Liu (suona), Ralph van Raat (piano)
Orchestre symphonique de Canton, Tan Dun (direction)


Dun T.


C’est la deuxième fois que les concerts sponsorisés par Migros nous permettent d’entendre l’Orchestre symphonique de Canton (voir ici ). Il n’est plus utile de rappeler aujourd’hui l’importance de la musique classique en Chine. Il y a cependant beaucoup de trésors musicaux locaux à découvrir. Le point d’orgue de leur précédente visite de ces musiciens avait été de jouer le Concerto pour piano «Le Fleuve jaune», celui de cette soirée a été de pouvoir entendre, sous la direction de Tan Dun, des œuvres chinoises, que ce soient les siennes ou des œuvres populaires.


Entendre un compositeur diriger est souvent une expérience spéciale. Dans le cas de Tan Dun, ce qui frappe avant tout est que le musicien est un raconteur d’histoires. Il faut l’entendre prendre la parole avec malice et un plaisir réel pour introduire ses œuvres et expliquer leur genèse et charmer musiciens et public. Sa direction est sûre et il n’en « rajoute pas ». Enfin, comme d’autres grands chefs chinois comme Muhai Tang, il n’hésite pas à descendre du podium pour se rapprocher des musiciens.


Il ne faut pas chercher dans la lecture qu’il donne des œuvres de Stravinsky une perfection instrumentale formelle « apollinienne ». Il faut oublier quelques légères difficultés techniques que doivent surmonter ces jeunes musiciens chinois et apprécier à quel point ces danses de la suite de L’Oiseau de feu sont pleines de caractère. Mais les Prince, Princesse et Démon que Stravinsky a fait vivre par son art de l’orchestration ne sont-ils pas proches des personnages types des opéras chinois que Tan Dun a composé dans ses œuvres ? Le parallèle avec Stravinsky ne s’arrête pas là, les bruits de fête de Feu d’artifice sont dans les mains du compositeur des prémices aux descriptions de la nature qui sont une des marques de sa musique.


Pièce de résistance de ce concert, la suite Adieu ma concubine est un poème symphonique pour orchestre, piano et soprano de l’Opéra de Pékin. Elle est inspirée par le film extraordinaire de Chen Kaige, le piano, « King of the instruments » comme l’explique Tan Dun représentant le Roi et la soprano la Reine. L’orchestration de Tan Dun est subtile, trouvant des couleurs originales, n’hésitant pas à faire chanter ses musiciens et utiliser les bruits d’une bassine d’eau. Il faut souligner la performance de Ralph van Raat, qui joue sans partition la redoutable partie soliste, et l’originalité de la contribution de la jeune Wenqing Lian, contribuant à l’œuvre par son chant et également par une partie dansée fascinante. La conclusion de l’œuvre est un long decrescendo plein de majesté.


Cent oiseaux volent vers le phénix est probablement plus en ligne avec ce que des mélomanes attendraient d’une œuvre chinoise par l’utilisation du suona, cette trompette chinoise aiguë. Il s’agit d’une œuvre élégante, variée et pleine de caractère. Wenwen Liu impressionne par sa virtuosité et une certaine joie de jouer une telle musique pleine d’optimisme et d’énergie.


Très applaudi par un public, Tan Dun donne deux bis. S’il conclut par un chant folklorique pour fêter le Nouvel An, le sommet de ce concert est la Passacaille «Secret du vent et des oiseaux» de sa composition. Il s’agit d’une œuvre pleine de mystère et de poésie. A nouveau, la subtilité de l’orchestration est remarquable et pleine d’invention puisqu’au milieu de la pièce, les musiciens sortent leur téléphone portable pour faire sonner des chants d’oiseau.


A nouveau, Tan Dun est un conteur autant qu’un musicien.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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