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Bach et compagnie Paris Salle Cortot 01/22/2019 - et 25 janvier 2019 (Ermont) Johann David Heinichen : Concerto pour violon et cordes en ré majeur, S. 224
Johann Sebastian Bach : Concertos pour violon en sol mineur, BWV 1056 R, et en la mineur, BWV 1041 – Concerto brandebourgeois n° 5 en ré majeur, BWV 1050
Georg Philipp Telemann : Concerto pour violon, traverso et cordes en mi mineur, TWV 52 :e3
Johann Christian Friedrich Förster : Concerto pour violon et cordes en sol mineur, ICF 21 Jean Brégnac (traverso), Mathieu Dupouy (clavecin)
Les Accents, Thibault Noally (violon solo et direction)
T. Noally
Pour ce programme de concertos baroques intitulé «Bach & Co», qui faisait intervenir l’ensemble Les Accents (seulement huit musiciens sur scène), il fallait un écrin. Avec son agencement en théâtre antique sorti tout droit de l’époque Art Déco et ses seulement 400 places établies sur deux niveaux, la salle Cortot convenait parfaitement. Avouons, en préambule, notre légère déception d’avoir vu disparaître de l’affiche initiale un concerto de Fasch et un changement de concerto de Heinichen, deux œuvres ô combien rarement données mais remplacée pour la première par un concerto de Förster, compositeur encore plus méconnu que les deux noms précités.
Bien au contraire, les concertos pour violon de Bach sont célèbres: ils font depuis longtemps partie de la littérature violonistique obligée pour tout archet qui se respecte. Thibault Noally en offrit de très belles interprétations, à commencer par le Concerto BWV 1056 R (une retranscription du Concerto BWV 1056 pour clavecin) où il déploya un archet conquérant dans le premier mouvement, épaulé par l’excellent jeu d’Elisa Joglar au violoncelle. L’Allegro assai du Concerto BWV 1041 fut on ne peut plus rafraîchissant, de même que l’ensemble du Cinquième brandebourgeois, où l’on aura tout de même regretté une flûte un peu trop sur la réserve, que l’on avait souvent du mal à entendre bien qu’étant placé en face d’elle, au quatrième rang, qui plus est dans une petite salle.
C’est dommage, car Jean Brégnac fut excellent dans le magnifique Concerto pour violon, traverso et cordes de Telemann, sans doute la révélation de cette soirée! Ayant composé pour une multiplicité d’instruments et pour des configurations on ne peut plus diverses, Telemann n’a visiblement écrit qu’un seul concerto pour ces deux instruments solistes (même si le Concerto TWV 52 :F2 pour hautbois et violon a parfois été interprété par la flûte). Une petite merveille qui culmina dans un Adagio où seuls intervinrent les pizzicati des cordes (sans même le clavecin) avant que les deux solistes ne jouent leurs phrases avec une émouvante simplicité. Si le Presto fit intervenir le violon seul (Thibault Noally manifestant au gré de ces deux minutes de musique une dextérité à toute épreuve), on retrouva les sonorités propres à Telemann dans un mouvement conclusif enthousiasmant.
Qui se souvient aujourd’hui de Johann Christoph Friedrich Förster (1693-1745)? Auteur, comme bon nombre de ses contemporains, d’une œuvre pléthorique (accessible notamment dans les répertoires édités par la maison Dover en 1966, The Breitkopf Catalogue; The Six Parts and Sixteen Supplements 1762-1787), on entendit ce soir, aux dires de Thibault Noally, une première mondiale avec ce Concerto pour violon et cordes où l’on aura perçu une forte influence italienne, le dialogue et les contrastes entre le soliste et le petit ensemble nous ramenant par ailleurs à des configurations classiques pour l’époque.
Thibault Noally et ses musiciens, excellents de bout en bout, donnèrent en bis (pour notre plus grand plaisir personnel...) l’Adagio du concerto de Telemann, ce concert devant donner lieu à une traduction discographique au printemps prochain: on l’attend avec un plaisir à l’avance non dissimulé.
Le site de l’ensemble Les Accents
Sébastien Gauthier
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