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Pélerinage à Dahlem Berlin
Jesus-Christus-Kirche Dahlem
10/13/2001 -
B. A. Zimmermann : Concerto pour orchestre à cordes
D. Chostakovitch : Concerto n°1 pour violoncelle et orchestre
L. van Beethoven : Symphonie n°2 en Ré Majeur
David Drost (Violoncelle)
Orchestre Sinfonietta 92, Andreas Schüller (Direction).
Loin de se limiter aux trois maisons d´opéra et aux cinq orchestres de catégorie A (tous bien connus et dont vous pouvez voir les sites Web respectifs en double cliquant à droite sur votre écran), la musique classique est aussi représentée à Berlin par une multitude d´orchestres et de troupes moins officielles, de taille et de degré professionnel variables, qui nourrissent la ville d´un terreau musical sans pareil et qui permettent de comprendre, pour citer Marcel Brion, « comment l´Allemagne est devenue musicienne. »
L´orchestre de chambre Sinfonietta 92, fondé il y a neuf ans, comme son nom l´indique, dans le quartier populaire de Neukölln, s´est tout d´abord forgé une solide réputation dans les salles de concert en interprétant quelques standards du répertoire, avant de suivre assez récemment une politique plus variée et aussi plus contemporaine, jouant, entre autres, de Arriaga, Eisler, Martin, Sanchez-Verdú (en création berlinoise), Siepmann (en création mondiale). Aussi le choix de l´église Jesus-Christ de Dahlem pour leur dernier concert n´est-il pas vraiment une surprise, dans la mesure où ce haut-lieu de l´enregistrement phonographique de l´après-guerre (très souvent loué par le Philharmonique de Berlin pour le gravage de disques dont beaucoup sont devenus de grands classiques, citons par exemple une Huitième de Bruckner avec Furtwängler en 1949 ou encore La Création avec Karajan, Janowitz, Wunderlich et Fischer-Dieskau en 1966-1969) ouvre maintenant ses portes à des formations plus réduites et à un répertoire sortant parfois des sentiers battus.
La soirée commence avec le très malhérien Concerto pour orchestre à cordes de Zimmermann, pièce que je ne peux malheureusement pas écouter dans les meilleures conditions, car elle ne semble pas plaire à mon fils qui réclame son dernier biberon un peu plus tôt que d´habitude. J´arrive à disparaître assez discrètement au foyer et reviens pour la deuxième partie, qui permet tout d´abord dans le concerto de Chostakovitch de découvrir un excellent soliste, David Drost. Si son premier mouvement accuse un timbre encore trop frais et quelques imprécisions rythmiques, souffrant ainsi quelque peu de la comparaison avec l´interprétation de Rostropovitch (dédicataire de l´oeuvre) qui nous restait dans l´oreille, le tout jeune violoncelliste (né en 1978) trouve dans le magnifique mouvement lent des accents très personnels, parfois réellement déchirants, avant de nous entraîner dans une cadence finale irrésistible de virtuosité.
Un peu cantonné au rôle de faire-valoir dans le concerto (hormis le premier cor, Ulrich Reineke, très sollicité et lui aussi tout à fait excellent), l´orchestre est récompensé par une brillante Deuxième de Beethoven, l´une des grandes symphonies les moins râbachées et donc les plus attachantes du maître de Bonn, dans laquelle il semble trouver un plaisir évident à jouer. La grande rêverie du Larghetto en particulier, si expressive, est rendue avec un liant et une netteté presque viennois. Et le torrentueux dernier mouvement, annonciateur des débordements païens de la Septième, voire de la Neuvième, est conduit avec jusque ce qu´il faut d´énergie contenue par Andreas Schüller, dont on mesure alors l´étendue du talent.
Au total un concert très réussi, d´ailleurs chaleureusement applaudi par les quelques deux cents spectateurs payants ce soir-là, standing ovation pour le soliste à la clé. Souhaitons vivement qu´il donne à tous ces musiciens, dont certains, architectes, ingénieurs ou médecins, ne sont pas professionnels, le désir de continuer ce projet orchestral, et de fêter haut les coeurs leur dixième anniversaire !
Le site de l´orchestre :
http://www.sinn-phonie.de/sinfonietta
Thomas Simon
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