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Berlioz à la crèche

Paris
Philharmonie
01/12/2019 -  
Hector Berlioz : L’Enfance du Christ
Anna Stéphany (Marie), Jean Teitgen (Hérode), Jean-Sébastien Bou (Joseph), Frédéric Antoun (Récitant), Ivan Goossens (Centurion), Jan Van der Crabben (Un père de famille), Philippe Souvagie (Polydore)
Vlaams Radio Koor, Joris Derder (préparation du chœur), Orchestre de chambre de Paris, Douglas Boyd (direction)


D. Boyd (© Clive Barda)


Berlioz aimait beaucoup sa «trilogie sacrée», issue d’une mystification: il avait, d’abord, fait passer «L’Adieu des bergers» pour «une musique d’ancêtres». Tout commença donc par «La Fuite en Egypte», que complétèrent ensuite «L’Arrivée à Saïs» et «Le Songe d’Hérode». Cet oratorio chambriste manifestait son goût de l’archaïsme modal. Ce n’était pas nouveau chez lui: le Requiem, où la ferveur recueillie côtoyait les grands cataclysmes sonores, en témoignait déjà. Il y reviendra d’ailleurs dans Les Troyens. Si bien que, contrairement à une idée reçue, L’Enfance du Christ reste du pur Berlioz – un Berlioz qui, pour une fois, connut aussitôt le succès quand il créa l’œuvre en 1854.


Grand moment du premier week-end Berlioz à la Philharmonie – le second est prévu en juin – le concert de l’Orchestre de chambre de Paris n’a pas déçu. Douglas Boyd a évité les deux écueils qui guettent toute exécution du triptyque: la mièvrerie sulpicienne et le surdimensionnement opératique – même si «Le Songe d’Hérode» ressortit à la grande scène dramatique. Il cherche des couleurs, souligne les subtilités de l’instrumentation, tend le fil de la narration, des frayeurs du tétrarque à l’a cappella dépouillé du chœur mystique final. L’orchestre joue le jeu et le Chœur de la Radio flamande est magnifique.


Un très raffiné Frédéric Antoun inaugure le concert, articulation impeccable et ligne stylée – manque seulement un peu de ce naturel dans la déclamation propre à un «Récitant». Anna Stéphany incarne une Marie vibrante et Jean-Sébastien Bou un Joseph tout en nuances, parents aimants et touchants, accueillis par le Père de famille stylé mais sans aura – et sans grave – de Jan Van der Crabben, un des solistes du chœur. Jean Teitgen, néanmoins, les domine tous. Pas seulement par la beauté d’une voix puissante et profonde – on distribue souvent Hérode à des barytons trop aigus et trop clairs. La pertinence de la déclamation, le refus de la grandiloquence, la palette des couleurs et des nuances, la splendeur du phrasé font du souverain un colosse à l’esprit d’argile, hagard, ravagé par l’angoisse.


Beau début d’année Berlioz, mort en 1869. On attend maintenant Les Troyens de Bastille.



Didier van Moere

 

 

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