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Connivences

Paris
Philharmonie
12/17/2018 -  et 16, 18 décembre 2018 (London)
Johannes Brahms : Concerto pour violon en ré majeur, opus 77
Claude Debussy : Images
George Enesco : Rhapsodie roumaine n° 1, opus 11

Leonidas Kavakos (violon)
London Symphony Orchestra, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Johann Sebastian Hanel)


Directeur musical de l’Orchestre symphonique de Londres depuis le mois de septembre 2017, alors qu’il entamait sa dernière année à la tête du Philharmonique de Berlin en sa qualité de chef titulaire, Sir Simon Rattle aura témoigné ce soir des évidentes affinités qu’il entretient avec la phalange londonienne tant la confiance mutuelle qui existe entre le chef et les musiciens était visible.


Leonidas Kavakos connaît son Concerto de Brahms comme sa poche. Pour autant, il n’a pas toujours su y être pleinement convaincant comme on avait pu le remarquer lors d’un concert donné sous la baguette de Riccardo Chailly lors des Musikfesten qui s’étaient déroulées à Berlin, au mois de septembre 2017. Si l’on avait alors pu lui reprocher un jeu infaillible mais totalement lisse, rien de tel ce soir. La raison est sans doute à mettre du côté du chef et de son orchestre. Car, dès ce premier mouvement, on est surpris (ô combien agréablement!) par cette transparence, cette clarté, cette légèreté, cette atmosphère volontairement chambriste qui permet à l’orchestre de s’affirmer comme un partenaire de choix, presque placé sur un pied d’égalité face au soliste. Rien à voir avec la «confrontation» qu’appelle le premier mouvement du Premier Concerto pour piano ou que l’on avait davantage ressentie lors du face-à-face avec Riccardo Chailly. Ici, l’entente avec Rattle est évidente, le chef s’abstenant en plus d’une occasion de diriger son orchestre et ne faisant que le relancer par touche, juste lorsque cela pouvait s’avérer nécessaire, les aigus du violoniste grec pouvant alors se lover avec délectation dans l’écrin ainsi tissé. Le deuxième mouvement, étrangement peut-être le plus «symphonique» des trois puisque bénéficiant pleinement de la masse compacte des cordes du LSO, fut d’une poésie à couper le souffle, dans laquelle intervint notamment le magnifique jeu de Juliana Koch, hautboïste solo de l’orchestre. L’interprétation de Leonidas Kavakos se veut alors pleinement rêveuse, loin de toute considération technique, la justesse de son approche se concrétisant dans une justesse mélodique à couper le souffle. Quant à l’Allegro giocoso, ma non troppo vivace conclusif, il fut réjouissant. Chef et soliste s’amusent, bondissent de conserve, les trilles de la petite harmonie conférant à l’ensemble une tonalité bucolique qui convenait parfaitement à Leonidas Kavakos, dont l’interprétation, simple et naturelle, fut saluée par le public avec enthousiasme. Face à un tel succès, il donna deux bis des plus originaux: «Les Furies», dernier mouvement de la Deuxième Sonate pour violon seul d’Eugène Ysaye et le premier mouvement de la Sonate pour violon seul de son compatriote méconnu Nikos Skalkottas (1904-1949).


Changement total d’atmosphère pour cette seconde parie de concert où nous quittons le postromantisme allemand du XIXe siècle pour écouter tout d’abord les Images (1905-1912) de Debussy. Simon Rattle a toujours été un excellent défenseur de la musique de Debussy: force est de constater qu’il l’aura été de nouveau ce soir grâce notamment à une petite harmonie de tout premier ordre. Les bois du LSO furent absolument splendides à commencer par le hautbois d’amour tenu par Maxwell Piers dans «Gigues» puis le cor anglais par Christine Pendrill dans «Rondes de printemps», la clarinette d’Andrew Marriner (le fils de...) ou le hautbois, déjà étincelant dans Brahms. Dès la première image, «Gigues», l’orchestre impose les couleurs pastel et diaphanes typiques de Debussy où les cuivres (à commencer par les trompettes) déclament leurs phrases avec une suavité enivrante. C’est ensuite davantage la clarté qui domine dans les «Rondes de printemps» avant que le rythme ne s’impose dans «Iberia», évidemment la partie la plus célèbre de l’œuvre. Clarinette, pizzicati des cordes, cloches nous entraînent dans un tourbillon de rythmes et de couleurs qui culminent dans une fin parfaitement enlevée par un Simon Rattle rayonnant.


Quant à la Première Rhapsodie roumaine (1901-1903) d’Enesco, elle faisait presque figure de bis dans ce programme, concluant avec énergie une soirée déjà conséquente. Les interventions liminaires de la clarinette et du hautbois imposent le ton: amusement, clins d’œil et perfection instrumentale une fois encore! Le fait est que l’orchestre fut étincelant, la course-poursuite entre vents et cordes, agrémentée d’envolées des violons ou d’une pincée de harpe, s’emportant dans une explosion virevoltante. Tout au plus pourrait-on presque regretter que les trompettes aient été si élégantes et ne se soient pas quelque peu relâchées dans cette musique populaire qui nous entraîne tous, une bonne partie de nos voisins n’ayant d’ailleurs cessé d’agiter doucement les pieds et les mains tant il était difficile de résister à cet emballement progressif. Décidément, une soirée haute en couleur: qui a dit qu’il ne faisait que pleuvoir en Grande-Bretagne?


Le site de Leonidas Kavakos
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Sébastien Gauthier

 

 

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