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Des boyaux

Vienna
Konzerthaus
12/14/2018 -  
Ludwig van Beethoven: Quatuor n° 7, opus 59 n° 1
Felix Mendelssohn Bartholdy: Sonate pour violon et piano en fa mineur, opus 4 (*)
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44

Cédric Tiberghien (pianoforte), Quatuor Chiaroscuro: Alina Ibragimova (*), Pablo Hernán Benedí (violon), Emilie Hörnlund (alto), Claire Thirion (violoncelle)


Le Quatuor Chiaroscuro (© Agnes Blaubarde)


La lecture, par le Quatuor Chiaroscuro, du premier numéro de l’Opus 59 de Beethoven est une expérience qui se fait mériter; des archets introspectifs murmurent des questions, laissant souvent aux auditeurs le soin d’y trouver des réponses; une prépondérance dynamique qui tire vers le silence, n’autorisant que de très rares fortissimos durant la quarantaine de minutes de musique. Il faut plusieurs minutes d’ajustement avant de parvenir à entrer dans l’univers des interprètes, le contraste avec les quatuors modernes étant à ce point manifeste. C’est au fond un pari relativement risqué, même dans l’excellente salle Mozart du Konzerthaus (700 places), lorsque cette introspection frôle par moment l’introversion: la totalité de ce raffinement expressif pourrait être sûrement plus adéquatement captée dans une salle aux dimensions plus réduites ou face à des microphones d’enregistrement. Pour l’auditeur suffisamment attentif, le véritable plaisir est de découvrir des textures nouvelles, les cordes en boyau et archets classiques contribuant à rééquilibrer les transferts thématiques entre pupitres: les bariolages viennent ainsi se superposer aux lignes mélodiques, les rehaussant de coloris variés sans les couvrir. Les musiciens brillent avec le plus d’intensité durant les cadences de transition (comme à la fin de l’exposition de l’Allegro initial, ou bien lors de l’enchaînement conduisant vers le thème russe), qui semblent jaillir d’une inspiration spontanée.


La seconde partie de soirée offrait une double surprise: d’une part une sonate de jeunesse de Mendelssohn, une rareté au disque comme au concert; d’autre part la présence inattendue de Cédric Tiberghien, aux commandes d’un pianoforte de modèle Graf. Remplaçant en dernière minute Kristian Bezuidenhout tombé malade, le pianiste français démontre une très forte cohésion avec la violoniste Alina Ibragimova, découlant d’une collaboration qui remonte à plus de dix ans. Un premier mouvement marqué par des inflexions agogiques délivrées avec précision; un deuxième mouvement de nature plus concertante; et un final brillantissime, qui sculpte d’une élégance sans défaut les phrasés de la partition: sans aucun doute, une découverte passionnante sublimée par l’engagement des interprètes.


Le romantisme échevelé du Quintette avec piano de Schumann donnait enfin l’occasion de retrouver tous les musiciens pour une lecture brûlante de la partition, sans trace des retenues observées en première partie. Même dans les moments les plus haletants, les Chiaoroscuro conservent cette manière de laisser la musique s’écouler naturellement, sans la violenter – se montrant à son service, plutôt que de s’en servir.


Chacun des membres du quatuor poursuit de son côté une intense activité musicale, couvrant répertoire chambriste, orchestral et concertant – tant sur instruments historiques que modernes. Cette alternance, m’expliquent les musiciens, leur permet non seulement de trouver un équilibre personnel mais enrichit également le groupe, intensifiant le plaisir de jouer ensemble et augmentant le potentiel d’exploration.



Dimitri Finker

 

 

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